• Petite fille serbe (août 2007)
    J'entre dans la cour d'une association humanitaire que je connais bien et, en me voyant franchir le portail, un membre m'interpelle : "RV, on a une famille qui vient d'arriver. Ils sont trois. Un homme, une femme et leur petite fille de 12 mois ! Ils viennent de Bosnie Herzégovine !"
    Immédiatement, je prends cette nouvelle comme une grande grâce venant de la Vierge. Des bosniaques - c'est-à-dire des gens qui sont nés au pays de la Gospa - nous sont envoyés ! C'est fabuleux ! Quel merveilleux cadeau de la part de Marie !
    Le couple, me dit-on, se trouve actuellement dans une situation difficile : le père et la mère n'ont pas de travail et ils ne parlent pas un seul mot de français. Comme ils ne connaissent pas l'anglais non plus, il est extrêmement difficile de communiquer avec eux.
    En apercevant l'homme, dans la cour, je m'approche de lui et nous parvenons - tant bien que mal - à échanger quelques mots. Je comprends qu'il est de Sarajevo. J'essaye de lui dire quelques expressions que j'ai apprises lors d'un pèlerinage à Medjugorje. Il semble content d'entendre des sons issus de sa langue maternelle. Toutefois, il ne réagit pas plus que cela quand je prononce le nom de "Medjugorje". J'ai même le sentiment qu'il ne connaît pas du tout le sanctuaire.
    Grâce à de petites phrases rudimentaires composées d'un seul mot (souvent "oui" et "non"), j'arrive à obtenir des informations plus précises : il est serbe et orthodoxe. Il regrette l'époque où les républiques qui formaient l'ex-Yougoslavie n'étaient pas indépendantes et il a approuvé la politique de Slobodan Milosevic.
    Etant totalement étranger au terrible conflit qui a fait rage en Bosnie de 1992 à 1995, j'accueille sa position avec une grande facilité. Je me dis cependant que cela aurait peut-être été moins évident si j'avais été croate. Enfin, bref !
    Tandis que nous essayons de continuer à parler, une femme portant un tout jeune enfant dans ses bras apparaît à l'autre bout de la cour. Ne l'ayant jamais vu à l'association, je comprend tout de suite qu'il s'agit de son épouse. En reconnaissant son papa, de loin, la petite fille commence à s'agiter. Elle se débat et elle veut que sa mère la pose immédiatement par terre. La maman ne voulant pas, elle se met à pleurer, et ceci de plus en plus fort. Finalement, la mère est obligée de céder. L'enfant traverse alors la cour aussi vite qu'elle peut, avec ses petites jambes, et elle vient se jeter dans les bras de son père qui la soulève de terre et la serre très fort contre lui. En le regardant, elle semble la plus heureuse du monde. 
    Tandis que nous poursuivons notre petite conversation, elle me jette de petits coups d'œil en suçant tranquillement son pouce. Dans les bras de son papa, elle n'a peur de rien. Elle connaît une sécurité parfaite. La présence des étrangers, la souffrance due au déracinement, les guerres, la peur du lendemain, les opinions politiques des adultes... tout cela ne la trouble absolument pas.
    Comme elle est belle cette petite fille ! Et comme il est beau l'homme qui sait éveiller dans le cœur de ce petit être une telle joie et une telle confiance !
    Ce soir-là, avant de m'endormir, je repense longtemps à cette scène extrêmement touchante... et, tandis que les images de cette famille serbe défilent dans mon esprit, je crois comprendre comment les peuples en guerre devraient s'y prendre pour surmonter les conflits qui les opposent. Oui, il me semble que je réalise soudain comment il faudrait faire pour aimer ses ennemis.
    En fait, il suffirait tout simplement de les regarder de la même façon que leurs enfants les regardent (c'est-à-dire comme si nos ennemis étaient nos propres parents) !
        
    Vocation & écriture (février 07)
    Un jour, je me suis demandé comment il se faisait que j'aimais autant écrire des messages sur internet. Et notamment, j'ai essayé de comprendre d'où pouvait bien me venir ce goût pour les articles courts (parmi tous les textes que j'envoie, en effet, les plus longs correspondent généralement à une petite rédaction d'écolier, et les plus brefs ne font que quelques lignes seulement).
    J'ai bien cherché, mais je n'ai trouvé personne, dans ma famille, qui soit journaliste, écrivain, ou bien qui exerce un métier lié de près ou de loin à l'écriture. Alors, d'où cela me vient-il ?
    Après avoir réfléchi à cette question pendant plusieurs semaines, j'ai fini par trouver la réponse. En fait, cette petite "vocation" (si l'on peut dire) me vient directement de ma mère. Oui, de ma mère. En effet, sans être "écrivain" au sens fort du terme, ma mère a toujours aimé composer et envoyer de petits messages pour encourager ou pour réconforter les gens autour d'elle. Elle a toujours été comme ça. Je crois que c'est dans sa nature.
    Je vous dirais même que son activité épistolaire n'a cessé de s'intensifier, au fil du temps. Depuis le début des années 80, par exemple, elle écrit de plus en plus, et ceci à un nombre de personnes toujours plus important. Sa régularité et sa fidélité sont même très impressionnantes. Mais jugez plutôt : elle envoie des messages tous les 25 du mois (et elle ne manque jamais un rendez-vous) ainsi que le 18 mars de chaque année. Par ailleurs, chaque 25 juin et chaque 25 décembre, elle rajoute un deuxième message mensuel (ce qui, vous en conviendrez, témoigne de sa grande constance dans l'effort).
    Depuis peu, elle a même pris l'habitude d'adresser à ses correspondants quelques lignes tous les "2" du mois (ce qu'elle n'avait jamais fait auparavant), et tout cela sans compter les nombreuses paroles "spontanées" auxquelles on se s'attendait pas et qu'elle envoie malgré tout à diverses personnes. Oui, ma mère est comme ça ! C'est sa vie ! C'est sa passion ! Maintenant, connaissant ce trait de caractère qui est le sien, il ne faut pas s'étonner de voir que sa progéniture emboîte son pas ! Telle Mère (avec un "M" majuscule), tel fils !!
        
    La vocation, Thérèse, Claire et moi (4 février 07, jour de mon anniversaire)
    Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus aimait tellement Dieu et l'Eglise qu'elle a connu une période, au cours sa vie, où elle avait envie de réaliser toutes les vocations, y compris celle de prêtre. Tout le monde connaît le célèbre passage de ses "Manuscrits autobiographiques" dans lequel elle raconte cela.
    Puis, comme nous le savons, c'est en lisant un texte de Saint Paul sur la Charité (1 Co 12,31-13,13) qu'elle a compris que c'était l'amour qui faisait le lien entre toutes les vocations, dans l'Eglise, et que, de ce fait, sa vocation à elle était d'aimer.
    De nombreuses personnes qui se sont plus ou moins éloignées du Pape n'hésitent pas à affirmer que le souhait de Sainte Thérèse de réaliser toutes les vocations est un signe que Dieu envoie à Son Eglise pour lui faire comprendre que le Magistère doit permettre aux femmes d'accéder au sacerdoce.
    Personnellement, je ne suis pas du tout d'accord avec cette interprétation et je pense que le désir de Sainte Thérèse n'était rien d'autre qu'une expression de la très forte communion d'esprit qui l'unissait à tous les baptisés quels qu'ils soient.
    Mais si vous me le permettez, j'aimerais développer mon point de vue en vous racontant une petite histoire... Dans la ville où j'habite, il y a un monastère de clarisses. Ce monastère, que je fréquente depuis plus de vingt ans, compte énormément pour moi. Il est mon point de repère dans la vie, le lieu où je me retrouve, là où je me rends spontanément quand ça ne va pas ou bien quand j'ai une décision importante à prendre. Il est aussi l'endroit où naissent tous mes projets. C'est là, par exemple, que j'ai eu l'idée de créer le groupe de prière "Marie Reine de la Paix" ainsi que le journal "Chère Gospa". C'est également là que je trouve toutes les idées que j'exprime dans mes articles, notamment pendant l'adoration du Saint Sacrement.
    Un soir, alors que je me tenais devant Jésus exposé, j'ai été envahi par un désir extrêmement fort de devenir religieuse (moi qui suis pourtant un garçon !) et de rejoindre mes chères sœurs clarisses de l'autre côté de la clôture ! Ne riez pas, chers amis internautes ! Je vous assure que c'est tout à fait sérieux ! Oui, j'ai senti très nettement, et ceci pendant un long moment, que ma vocation était de vivre comme elles, avec elles, et de partager leur quotidien.
    Après l'adoration, en sortant de la chapelle, j'ai également ressenti un très grand amour pour le monastère car j'ai pris peu à peu conscience que ce lieu était le "sein" qui m'avait enfanté et qu'il faisait partie intégrante de ma personne; un peu comme les juifs de l'Ancien Testament qui se sentaient très intimement unis à Jérusalem ("Je veux que ma langue s'attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n'élève Jérusalem au sommet de ma joie" dit le psaume 136).
    Mais, dans un cas comme le mien, vous conviendrez qu'il apparaît de manière particulièrement claire et évidente que rentrer dans l'ordre des clarisses demeurera à jamais quelque chose d'irréalisable.
    Imaginez un instant la tête de la Mère Abbesse si je lui envoyais une candidature !!
    Toutefois, ce petit épisode amusant a eu l'avantage de m'amener à comprendre progressivement une chose importante : ce n'est pas parce que Dieu met en nous un désir (aussi fort soit-il) que ce dernier doit être pris au premier degré. Ma vocation, cela coule de source, n'est pas de devenir une sœur clarisse; pas plus que celle de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus n'était de devenir prêtre !
    Simplement, il se trouve que l'amour est quelque chose de tellement grand qu'il fait parfois jaillir en nous des sentiments de communion intenses, et, à certains moments, ces sentiments peuvent nous donner envie d'être "en l'autre", un peu comme si nous cherchions à être le plus proche possible de lui (ce qui ne signifie pas que nous sommes appelés à devenir exactement comme lui).
    Si vous le voulez bien, chers amis internautes, j'aimerais terminer ce message en ajoutant simplement que je ne suis pas triste du tout à l'idée de ne pas pouvoir devenir religieuse un jour. En effet, je me dis que la distance qui me sépare des sœurs n'est pas si grande que cela, finalement. En regardant les choses avec attention, on s'aperçoit même que la différence ne tient presque à rien : Elles, elles sont à l'intérieur de la clôture; moi, j'ai la clôture à l'intérieur de moi !
        
    La raison pour laquelle il faut toujours aimer immensément les prêtres (janvier 07)
    Nous avons beau faire tout notre possible pour être vigilants, nous n'en demeurons pas moins des êtres fragiles et pécheurs. Il arrive parfois que, malgré toutes les précautions que nous prenons, satan parvienne à nous pousser au mal. Si vous me le permettez, j'aimerais vous raconter une petite histoire.
    Un jour, alors que je discutais avec des amis, l'un d'entre eux m'a posé une question qui me dérangeait. Pour éviter de lui répondre franchement, je lui ai dit un mensonge. Sur le coup, cela ne m'a rien fait du tout. J'ai même eu le sentiment, après la discussion, de m'être tiré d'affaire avec beaucoup d'habileté. Puis, au cours des nuits qui ont suivi, j'ai très mal dormi. C'était comme si ma conscience me reprochait quelque chose. J'avais l'impression que mon âme était comme une "mer" qui commençait à devenir de plus en plus houleuse. Ce mouvement très désagréable provoquait un réel malaise, en moi, et, parfois, il me semblait que mon corps lui-même allait "chavirer".
    Voyant que la situation ne s'arrangeait pas toute seule, j'ai décidé d'aller me confesser auprès d'un prêtre. Je m'en souviens très bien. C'était un matin. J'ai sonné à sa porte mais, malheureusement, personne ne m'a répondu. Un voisin, qui habitait la maison d'en face, m'a dit qu'il était absent pour toute la matinée et qu'il ne reviendrait qu'en début d'après-midi. "Seigneur ! C'est pas vrai ! Juste au moment où j'avais le plus besoin de lui !!" me suis-je dit au fond de moi.
    Et là, alors que je m'apprêtais à repartir et que j'étais assis au volant de ma voiture, j'ai senti peu à peu que Jésus me parlait et qu'il avait quelque chose de très important à me dire. Oh, bien sûr, je n'ai pas entendu sa voix de la même manière que certains chrétiens qui ont été gratifiés de locutions. Pas du tout. Simplement, j'ai eu le sentiment très fort et très net que l'Esprit Saint me suggérait les mots suivants : "Ce prêtre que tu désires tellement rencontrer, il va revenir dans quelques heures. Tu sais que tu le verras. Mais que ferais-tu s'il ne revenait jamais ? Oui, que ferais-tu ? Et que ferais-tu s'il n'existait pas et s'il n'y avait aucun autre prêtre chez qui te rendre, sur cette terre ? Qui, dans ce cas, pourrait arrêter ce "trouble", au fond de toi ? L'homme le plus puissant du monde ? Il aurait autorité sur ses sujets, certainement, mais pas sur ce qui t'agite ! L'homme le plus riche du monde ? Il pourrait t'acheter de quoi te distraire pendant un petit moment, c'est sûr, mais il ne serait pas en mesure de t'offrir la paix ! Le plus grand savant du monde ? Il ne pourrait jamais guérir ton âme puisqu'elle est immatérielle ! Toi-même ? Comment pourrais-tu t'en sortir tout seul puisque c'est justement toi qui est malade et que tu ne peux pas te "dédoubler" pour donner la guérison à ta propre personne ? Non, pour soigner ce qui ne va pas intérieurement, il n'y a que Dieu qui puisse le faire. Et pour que Dieu puisse agir, il faut qu'il y ait des prêtres qui dispensent des sacrements. Sans eux, Il ne peut rien faire".
    En pensant à toutes ces choses, au volant de mon véhicule, j'ai pris conscience de l'importance des prêtres dans le grand plan de salut de Dieu. Oui, j'ai senti au plus profond de moi à quel point ils avaient un rôle absolument essentiel à jouer, et que, sans eux, le monde serait depuis longtemps englouti dans d'horribles sables mouvants.
    Quelques heures plus tard, je me suis confessé. Le trouble a disparu instantanément. En sortant de la cure, une très grande joie m'a envahi. Cette joie-là, croyez-le bien, ce n'était pas n'importe quelle joie ! Non ! C'était la joie de celui qui était perdu et qui se sentait alors sauvé ! Et cela n'est pas rien !!
    Maintenant, chers amis, y a-t-il quelqu'un qui pourrait me dire comment il est possible de ne pas aimer immensément une personne qui a le pouvoir de réconcilier l'homme avec Dieu ? Oui, comment est-il possible d'éprouver autre chose que le plus profond respect pour celui qui peut défaire les chaînes du mal et, ainsi, redonner à l'homme le bien le plus précieux qui soit ici-bas : la paix ?
        
    La nécessité d'apprendre à recevoir après avoir demandé une grâce à Dieu ! (décembre 06)
    Comme tout le monde, au moment du passage à l'euro, j'ai acheté deux petites calculatrices pour convertir les monnaies (francs/euros). Récemment, les deux convertisseurs sont tombés en panne. Etant donné que la fonction "calculatrice" marchait toujours parfaitement, et ceci sur les deux appareils, je me suis demandé ce qui pouvait bien se passer.
    Après avoir cherché pendant quelques minutes (en vain), j'ai fait une petite prière à l'Esprit Saint pour qu'il m'aide à résoudre ce problème. Un moment après, voyant que je n'y arrivais toujours pas, j'ai décidé d'aller faire changer les piles. Au magasin, j'ai constaté que cela ne solutionnait rien non plus. Alors, las d'attendre, j'ai fini par me rendre au supermarché le plus proche de chez moi et j'y ai acheté deux nouvelles machines.
    Une fois rentré à la maison, en jetant un ultime coup d'œil aux deux appareils défectueux, j'ai subitement compris d'où venait la panne (eurêka !)… et je les ai réparés !! En fait, quelqu'un avait effacé le taux de l'euro et il suffisait tout simplement de le rentrer à nouveau dans la calculatrice pour que la fonction "conversion" remarche !
    Si je raconte cela, chers amis internautes, c'est pour attirer l'attention sur le fait qu'il ne faut jamais oublier d'attendre de recevoir, quand on demande une grâce à Dieu. Très souvent, en effet, nous nous montrons impatients et nous essayons de tout résoudre par nous-mêmes (c'est-à-dire sans l'aide de Dieu).
    Or, le fait d'attendre que son secours arrive est très important. Cela peut nous éviter bien des petits désagréments, comme par exemple celui de se retrouver avec quatre calculettes au lieu de deux !!
        
    Faim d'amour (septembre 06)
    Il est midi et je me trouve à la cafétéria d'un grand supermarché de ma région. Un jeune couple arrive pour dîner, avec un bébé dans une poussette. Visiblement, les parents aiment énormément leur enfant. Ils n'ont d'yeux que pour lui.
    Après s'être installés à une table, le père le prend sur ses genoux et lui donne son biberon. Puis, un moment plus tard, il le remet à sa mère qui lui dit, sur le ton que l'on utilise habituellement quand on s'adresse à un nouveau né : "Tu es tellement beau que je vais te manger tout cru. Oui, je vais te manger tout cru".
    L'enfant ouvre alors de grands yeux et sourit. La mère commence à lui mordiller doucement le bout des doigts, puis les bras, les oreilles… Le nourrisson est comblé ! Il rit, agite les bras et pousse de petits cris de joie ! Il en redemande encore !
    En repensant à cette scène très touchante qui a duré quelques minutes, je me dis que l'amour, quand il est fort, peut éveiller en nous le désir de "manger" l'autre, c'est-à-dire de "l'incorporer" au point de "l'avoir en nous".
    Et en réfléchissant plus profondément à cela, j'en arrive à me poser la question suivante : ne serait-ce pas après avoir assisté à une scène semblable que Jésus aurait eu l'idée d'inventer l'eucharistie ?