• DOIT-ON PARLER DE LA MORT OU DE LA DORMITION DE MARIE ?

    Une petite réflexion de votre serviteur...
        
        
    1-LE DOGME DE L'ASSOMPTION
        
    Comme nous le savons, le pape Pie XII a proclamé le dogme de l'Assomption le 1er novembre 1950.
    Le texte de la définition dogmatique nous dit exactement ceci : "L'immaculée Mère de Dieu, la toujours Vierge Marie, une fois accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée en corps et en âme à la gloire céleste. Nous sommes tenus de croire, donc, que Marie n'a pas connu la corruption de la mort mais au contraire a été emportée au ciel en chair et en os, et est entrée dans la gloire de Dieu dans l'unité de sa personne, c'est à dire en corps et en âme".
        
    2-LA "MORT" DE MARIE
        
    En affirmant que le corps de Marie "n'a pas connu la corruption de la mort", l'Eglise ne nous dit en fait rien d'autre que ceci : le corps de la Vierge n'est jamais "retourné en poussière", comme cela est le cas pour celui de tous les êtres humain ici-bas.
        
    Mais Marie est-elle morte (ou pas) avant d'être "élevée à la gloire céleste" ? Cela, l'Eglise ne nous le dit pas ! Elle ne s'est d'ailleurs jamais prononcée de manière officielle sur cette délicate question.
        
    3-LA "DORMITION" DE MARIE
        
    Avant la proclamation du dogme de l'Assomption, c'est à dire jusqu'en 1950, on célébrait chaque année dans l'Eglise la fête de la "Dormition" de la Vierge.
    La "Dormition" est une croyance selon laquelle Marie se serait simplement "endormie" (et non pas "éteinte") avant d'entrer "dans la gloire de Dieu".
        
    Il est vrai que depuis cette époque, une majorité de théologiens pensent que la Vierge est bel et bien passée par l'épreuve de la mort avant de quitter ce monde.
    Pour eux, Marie devait suivre son Fils jusqu'à la fin et entrer dans le mystère de la mort pour en sortir glorifiée à son tour par la résurrection.
        
    Toutefois, il est important de toujours bien se rappeler que l'Eglise n'a pas encore "tranché" de manière définitive entre "mort" et "Dormition".
        
    4-DEFENSE DE LA "DORMITION" EN TROIS POINTS
        
    Si vous me le permettez, j'aimerais vous dire pourquoi je penche personnellement très fortement en faveur de la "Dormition" de la Vierge (thèse qui est défendue aujourd'hui encore par de nombreux spirituels, y compris par la Vierge elle-même dans certains sanctuaires, comme celui de Medjugorje en Bosnie Herzégovine).
    Voici mes trois principaux arguments :
        
    a)-Premier argument : la mort est une conséquence du péché originel.
    Comme nous le dit l'article 1018 du Catéchisme de l'Eglise Catholique : "En conséquence du péché originel, l'homme doit subir la mort corporelle, à laquelle il aurait été soustrait s'il n'avait pas péché".
    Or, sachant que Marie a été conçue sans péché (c'est à dire sans cette faute originelle, par qui la mort est entrée dans l'humanité), comment est-il possible qu'Elle soit morte ?
    Autrement dit, comment a-t-Elle pu contracter une "maladie"... sans avoir d'abord contracté le "virus" de cette maladie ?
    Il semblerait qu'il y ait là une certaine "incohérence".
        
    b)-Deuxième argument : c'est par la Résurrection de Jésus que nous sommes sauvés.
    Comme nous le dit l'article 638 du Catéchisme de l'Eglise catholique : "La résurrection de Jésus est la vérité culminante de notre foi dans le Christ"; et l'article 1019 d'ajouter : "Par sa mort Il a vaincu la mort, ouvrant ainsi à tous les hommes la possibilité du salut".
    Or, si la résurrection est le point central de notre foi, n'y a-t-il pas un risque de faire de Marie une "concurrente" du Christ en affirmant qu'Elle est morte ?
    En effet, si Marie est morte, alors cela veut dire également qu'Elle a été mise au tombeau, elle aussi, puis qu'Elle est ressuscitée à son tour.
    Et à partir de là, qu'est-ce qui peut bien empêcher une personne de dire que c'est Marie qui nous a sauvé (puisqu'Elle est ressuscitée... et que la résurrection est la "clef" du salut) ?
    N'était-il pas nécessaire - afin qu'il n'y ait pas de confusion possible entre le Christ et sa Mère - que ce soit Jésus qui garde "l'exclusivité" (si l'on peut dire) de la Résurrection ?
        
    c)-Troisième argument : l'inutilité de la "mort" de Marie.
    Enfin, à ceux qui disent que Marie a très bien pu mourir "toute seule" (c'est-à-dire sans que personne ne le sache, et sans que son corps ait été mis dans un tombeau), on peut poser la question suivante :
    Quelle utilité y aurait-il eu à ce que l'âme de Marie soit séparée de son corps (c'est-à-dire : que la Vierge meurt) si c'était pour que cette même âme soit à nouveau rattachée à ce même corps juste après sa "mort", et tout cela pour que la Vierge soit finalement élevée au ciel "corps et âme"?
    A quoi bon cette "mort" inutile ? Quel en aurait été le sens ?
    Cette opération aurait vraiment été sans intérêt, nous le sentons bien !
        
    C'est pourquoi, en attendant que l'Eglise se prononce officiellement sur cette question (et en attendant qu'elle me dise éventuellement de penser que Marie est bel et bien "morte" - mais je ne crois pas que cela arrivera un jour), je reste un fervent partisan... de la "Dormition" !
        
    Et vous, avez-vous une opinion sur la question ?