• II-L'EGLISE DU MOYEN-AGE : PILIER DE L'EUROPE ET VICTIME DU SYSTEME FEODAL (du Ve au XIe siècle)

    1-Jusqu'au Ve siècle, l'Empire romain est si vaste qu'il est dirigé depuis deux pôles forts : Rome (l'Empire d'Occident) et Constantinople, en Turquie (l'Empire d'Orient).
    En 406, la partie occidentale tombe aux mains de tribus barbares : ce sont les grandes invasions (qui marquent le début du moyen-âge).
    Les Huns, les Wisigoths, les Ostrogoths, les Vandales, les Alamandes, les Francs... pénètrent dans l'Empire et leurs rois donnent les territoires conquis aux plus braves de leurs soldats (qui deviennent alors des seigneurs en échange d'un serment d'allégeance).
        
    2-Les invasions plongent l'Europe dans le cahot : l'autorité romaine n'existe plus, les tribus barbares sont toujours en guerre les unes contre les autres, il y a souvent des problèmes de succession à la mort des rois barbares (des contestations, des divisions...), les conflits sont fréquents entre les rois et les seigneurs (concurrences, jalousies...).
    Peu à peu, on assiste même à des rivalités à l'échelle des "pays naissants"; puis, progressivement, de grandes menaces extérieures viennent peser sur ce monde encore très fragile : l'avancée de l'Islam au Sud (à partir du 7e siècle), l'avancée des normands (au Nord) et des hongrois (à l'Est)...
    Tout est très instable même s'il est vrai qu'une évolution réelle se fait, avec le temps.
        
    3-A la chute de la partie occidentale de l'Empire romain, l'Eglise joue un très grand rôle car elle est la seule institution à avoir des structures stables : les évêchés (les évêques sont les "protecteurs de la cité"), les paroisses, les monastères...
    De plus, l'Eglise transmet un art de vivre et une culture qui sont autant de "repères" pour les gens (beaucoup affirment aujourd'hui qu'elle a sauvé l'Europe, à cette époque).
    Il faut donc compter avec elle si on veut installer un pouvoir durable.
        
    Les rapports qu'elle entretient avec les nouvelles autorités se résument en deux points :
    A-Tout d'abord, l'Eglise pèse beaucoup sur l'évolution des choses.
    a)-en 496, grâce à l'influence de Sainte Geneviève, Sainte Clotilde et Saint Rémi, Clovis (le roi des francs) se fait baptiser.
    La France devient alors le premier royaume catholique occidental (la "fille aînée de l'Eglise").
    b)-en 732, pour protéger le christianisme, Charles Martel stoppe les musulmans à Poitier.
    c)-en 768, Charlemagne devient une grande figure de son temps : il veille sur le développement de la foi, promeut l'art dans les monastères, anime une véritable renaissance culturelle...
    Il s'emploie aussi à reconstituer l'Empire Romain (en 800, il est même couronné empereur par le Pape Léon III) mais, après sa mort, ses héritiers se divisent et le rêve d'unité s'effondre.
    L'Europe se morcelle à nouveau en petits royaumes.
    d)-En 987, Hugues Capet, qui est duc d'Ile de France, inaugure une longue dynastie qui donnera à notre pays des personnages importants : Saint Louis (XIIIe), Charles VII (XVe) que Jeanne d'Arc remettra sur le trône pour en faire "le lieutenant de Dieu"...
    L'Eglise, nous le voyons, fait donc "émerger" des dirigeants chrétiens.
        
    B-Toutefois, si l'Eglise influence la société, la société influence elle aussi l'Eglise ! Et pas forcément dans le bon sens !
    Voici pourquoi :
    Les menaces et l'instabilité ambiantes font que les domaines seigneuriaux prennent de l'importance, au fil des siècles.
    En effet, ils sont comme des "cellules de défense" dans lesquelles les populations se sentent protégées.
    Les seigneurs, dont le pouvoir devient héréditaire au IXe siècle, confient des terres à des vassaux (qui deviennent alors ducs, marquis, comtes, barons...), et, au Xe siècle, le système féodal est en place (ce sont les seigneurs qui régissent l'ordre politique et social).
    Le problème est qu'en "s'appuyant" sur la stabilité de l'Eglise, les seigneurs ne sont pas loin de "l'engloutir" : ils mettent progressivement la main sur les cures, les monastères, les terres du clergé...; ils nomment peu à peu les prêtres et les évêques, ainsi que les abbés et les abbesses (souvent leurs propres enfants !); les prêtres (trop liés au "monde") en viennent à se marier et à se transmettre le sacerdoce "de père en fils"; les puissants peuvent acheter des diocèses ou des paroisses; les Papes sont en conflit quasi-permanents avec les autorités...
        
    Bref, l'Eglise est presque "avalée" par le système féodal.
    Au Xe siècle, la papauté s'écroule elle aussi, et ceci à cause d'une succession de très mauvais papes (certains meurent noyés, d'autres empoisonnés ou étouffés sous des oreillers).
    C'est une période extrêmement difficile pour le christianisme. La crise est très profonde.
    Pourtant, à partir du XIe siècle, les choses commencent à changer.
        
    (à suivre)