• IX-L'EGLISE DE LA RENAISSANCE : LA RESURRECTION ET LE CONCILE DE TRENTE (XVIe siècle)

    1-En 1517, Luther affiche ses 95 thèses sur le portail de l'Eglise de Wittenberg.
    En 1521, son excommunication déclenche une véritable explosion, en Allemagne : de très nombreux princes le soutiennent et entraînent avec eux des villes entières.
    En 1555, les 2/3 de l'Empire germanique sont devenus protestants et la réforme s'étend très vite à d'autres pays : la Suisse, l'Autriche, la Pologne, les pays Baltes... Bref, il y a le feu !
    D'autant plus que l'Angleterre fait schisme elle aussi, en 1534 (c'est alors la naissance de l'anglicanisme).
        
    2-Ces événements tirent l'Eglise de sa torpeur et l'oblige à réagir.
    C'est ainsi qu'en 1545, le pape Paul III convoque le Concile de Trente (qui s'achèvera en 1563).
    Le but est double :
    a)-réaffirmer très fermement la tradition catholique face à la montée du protestantisme.
    b)-appeler l'Eglise toute entière à un renouveau.
    On sent bien, en effet, que les choses vont mal et que certains reproches formulés par Luther sont justifiés.
    Il faut donc rendre à l'Eglise son autorité et sa crédibilité en la "nettoyant" de haut en bas.
    Pour cela, le Concile fixe des orientations qui sont diffusées dans les conciles provinciaux et les synodes diocésains, où les membres du clergé réfléchissent ensemble aux moyens à mettre en oeuvre pour que les directives de Rome soient appliquées.
        
    3-Le fruit principal du Concile est que l'Eglise, qui était complètement noyée dans le tourbillon de la Renaissance, refait surface. Il y a un "retour à la vie", une "résurrection".
    De manière concrète, cela se traduit par une "réapparition" des papes, des évêques, des prêtres, des fidèles et des saints.
    Mais voyons plutôt :
    a)-les papes : beaucoup d'entre eux sont de très bons pasteurs, à l'image de Saint Pie V (1566-1572) qui défend la "contre-réforme catholique" avec beaucoup d'ardeur.
    De plus, la ville de Rome (qui, jusque là, était comparable à Babylone et n'avait donné qu'une seule Sainte au Moyen-Age : Ste Françoise Romaine) vit elle aussi une conversion des moeurs et devient tout à coup un creuset de sainteté.
    On voit même en elle le "centre spirituel" du monde.
    S'opère alors un recentrage très net de l'Eglise autour de l'autorité papale et de la capitale italienne (ce qui marque une rupture avec le passé).
    b)-les évêques : ils sont désormais nommés sur leurs mérites (et non plus parce qu'ils sont des seigneurs).
    Par ailleurs, ils ne peuvent plus cumuler les diocèses et sont tenus de résider à l'évêché.
    Celui qui incarne le mieux l'esprit du Concile est sans aucun doute Charles Borromée (1538-1584). Nommé cardinal à 22 ans, il est habile et compétent et parvient à créer un diocèse modèle à Milan (il rédige un catéchisme et lance un bréviaire).
    Aujourd'hui encore, ce diocèse fait référence dans le monde entier (notamment grâce à ses fameuses "cellules d'évangélisation").
    c)-les prêtres : peu à peu, ils deviennent eux aussi plus pieux et zélés. Ils ne font plus de commerce, de combats en duel, de chasse... Ils remettent peu à peu la liturgie en place, celle-ci est plus soignée, plus respectueuse, plus attrayante, les gens s'y reconnaissent...
    En outre, les premiers séminaires sont créés à Milan (la formule n'est pas encore tout à fait au point, mais ils existent).
    Cela, nous l'imaginons bien, permet de résoudre de très nombreux problèmes (en particulier l'influence négative du nominalisme !).
    d)-les fidèles : loin d'être tenus à l'écart, ils sont eux aussi emportés par le souffle du Concile.
    Le catéchisme et les missions paroissiales font leur apparition (ces dernières étant des sortes de "retraites locales").
    Il y a également un essaimage de confréries (c'est à dire des "groupes de prière"), un développement des écoles et une éducation de bien meilleure qualité.
    A noter que le retour des populations au christianisme est facilité par la conversion de nombreux princes.
    e)-les saints : enfin, on assiste à une véritable effusion de saints. Saint Pie V et Charles Borromée, bien sûr, mais aussi : Philippe Néri (1515-1596), Camille de Lellis (1550-1614), Louis de Gonzague (1568-1591), ... et une multitude d'autres !!
        
    Même si tout n'est pas parfait, l'Eglise se renouvelle très profondément, à cette époque (sûrement beaucoup plus qu'au moment de la réforme grégorienne car, alors, on n'avait pas autant insisté sur la conversion des moeurs).
    Le XVIe siècle est l'une des plus belles périodes du christianisme, et la joie exubérante qui jaillit dans les coeurs, tel un feu d'artifice, donne naissance à l'art baroque !
        
    (à suivre)