• L'HISTOIRE DU JEUNE BI-HEBDOMADAIRE DANS L'EGLISE CATHOLIQUE

    INTRODUCTION
        
    Beaucoup de chrétiens redécouvrent actuellement les bienfaits du jeûne alimentaire.
    Parmi eux, certains n'hésitent pas à jeûner au pain et à l'eau deux fois par semaine : les mercredis et les vendredis.
    Mais d'où cette pratique vient-elle ?
    Gràce à l'aide d'un ami prêtre qui connaît très bien ce sujet, j'ai pu trouver quelques éléments de réponses.
        
    1-UNE TRADITION JUIVE
        
    Il faut savoir que dans le nouveau testament, Jésus parle très souvent du jeûne.
    Cela est notamment le cas dans l'évangile selon Saint Matthieu (au chapitre 9, versets 14 à 15), quand des juifs lui demandent pourquoi ses disciples ne jeûnent pas.
    Jésus leur répond alors ceci : "Les compagnons de l'époux peuvent-ils mener le deuil tant que l'époux est avec eux ? Mais viendront des jours où l'époux leur sera enlevé; et alors ils jeûneront".
        
    A l'époque du Christ, les juifs jeûnaient déjà deux fois par semaine.
    On trouve des traces de cette habitude dans l'évangile selon Saint Luc (au chapitre 18, versets 10 à 14) : "(...) Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : "Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers (...)".
        
    Jeûner deux fois par semaine est donc, à l'origine, une tradition héritée du peuple juif.
        
    2-UNE TRADITION REPRISE PAR L'EGLISE
        
    Alors que les juifs jeûnaient les lundis et les jeudis (selon les experts), les premiers chrétiens, eux, ont préféré choisir les mercredis et les vendredis.
    La raison en est simple : c'est un mercredi que Judas s'est mis d'accord avec les pharisiens pour leur livrer Jésus (ce jour a donc été très vite consacré à la contrition) et c'est un vendredi que Jésus est mort sur la Croix (ce jour a donc été associé à la pénitence et à la privation).
        
    Quand le christianisme a commencé de sortir des frontières de l'Empire Romain (vers les 4ème et 5ème siècles), et qu'il s'est diffusé peu à peu dans le reste du monde, le jeûne a été "exporté" (si l'on peut dire) par les premiers missionnaires.
    En Irlande, par exemple (qui a été évangélisée par Saint Patrick entre 432 et 461), l'habitude de jeûner deux fois par semaine a donné le nom des jours de la semaine.
    Mercredi, en effet, se dit "Ceadaoin" (ce qui veut dire : "premier jeûne") et vendredi se dit "Aoine" (ce qui veut dire "jeûne"). Jeudi, quant à lui, se dit "Daordaoin" (ce qui veut signifie : "entre les jeûnes").
        
    Cela nous confirme donc bien que les premiers chrétiens jeûnaient les mercredis et les vendredis.
        
    3-UNE TRADITION TOUJOURS ENCOURAGEE PAR L'EGLISE
        
    Quand on parcours le nouveau Catéchisme de l'Eglise Catholique, on s'aperçoit que le jeûne n'est pas fréquemment évoqué (seulement aux paragraphes : 575, 1387, 1430, 1434, 1438, 1969, 2043 et 2742), et ceci de manière toujours très succinte.
    Doit-on en déduire pour autant que l'Eglise actuelle se désintéresse du jeûne et qu'elle appelle implicitement les fidèles à ne plus le pratiquer ? Sûrement pas !
        
    Dans un livre intitulé "Zur lage des Glaubens" (aux éditions Neue Stadt, 1984), le célèbre auteur italien Vittorio Messori a interrogé le cardinal Ratzinger (qui est le prefet de la congrégation pour la doctrine de la foi, à Rome) sur cette question.
    Voici un court extrait de l'interview :
        
    -VITTORIO MESSORI : Si les "expressions corporelles" de la foi disparaissent parmi nous, les catholiques, n'est-ce pas arrivé à cause de l'Eglise institutionnelle ? Dans les années qui ont suivi le Concile, des directives sont venues de Rome qui ont réduit le jeûne du vendredi et des vigiles nocturnes, ainsi que les périodes de jeûne de l'Avent et des autres temps liturgiques.
    -CARDINAL RATZINGER : C'est un fait, mais l'intention était bonne. C'était pour éviter de tomber dans le légalisme et de succomber à la tentation de réduire la foi uniquement à une pratique extérieure. Une chose est claire : le jeûne, le renoncement et les autres exercices de pénitence doivent continuer d'exister en tant que responsabilité individuelle.
        
    Nous voyons donc bien que l'Eglise encourage toujours la pratique du jeûne alimentaire, même s'il est vrai qu'elle a décidé de ne plus "l'imposer" aux fidèles, comme avant (ce qui explique que de nombreuses personnes aient aujourd'hui perdu cette habitude).
        
    4-UNE TRADITION REMISE AU GOUT DU JOUR PAR LA VIERGE MARIE
        
    Au cours du siècle dernier (et aujourd'hui encore, d'ailleurs), il y a eu un très grand nombre d'apparitions mariales à travers le monde .
    Certaines ont été reconnues par l'Eglise, d'autres ne le sont pas encore.
    L'un des principaux points communs à toutes ces apparitions, c'est que la Vierge a toujours beaucoup insisté sur la pratique du jeûne alimentaire; notamment le jeûne au pain et à l'eau.
    Selon toute vraisemblance, ce sont ces phénomènes qui sont à l'origine du regain d'intérêt pour le jeûne auquel on assiste depuis quelques années.
        
    Pour faire court, je ne citerais que deux exemples :
    a)-Les apparitions de Kibého, au Rwanda (officiellement reconnues par l'Eglise le 29 juin 2001).
    Dans son rapport, l'évêque du lieu constate que le jeûne occupe une grande importance dans la vie des voyants et que cela ne nuit pas à leur santé (on peut consulter ce rapport sur le site internet de Kibého).
    b)-Les apparitions de Medjugorje, en Bosnie Herzégovine (tolérées mais non-reconnues par l'Eglise).
    Le 14 août 1984, la Vierge a dit ceci au voyant Ivan Dragicevic : "Je voudrais qu'en ces jours le monde prie à mes côtés le plus possible. Que les gens jeûnent sévèrement mercredi et vendredi (...)".
        
    Nous voyons donc bien, avec ces deux exemples, que la Mère de Dieu attache une très grande importance au jeûne elle aussi.
        
    CONCLUSION
        
    Il me semble que ces quelques points sont l'essentiel de ce que l'on pouvait dire sur l'histoire de la pratique du jeûne "bi-hebdomadaire" dans l'Eglise catholique.
    J'espère que mon message vous aura intéressé, ou, du moins, qu'il vous aura apporté des éclaircissements sur cette question.
    Bonne chance à ceux qui tenteront l'expérience... et que ceux qui trouvent que c'est trop difficile ne se découragent surtout pas !