• LA DOULOUREUSE QUESTION DE L'INQUISITION (supplément 4A)

    J'ai écrit ce message en me servant d'un article paru dans le journal "L'Echo de Marie Reine de la Paix".
    Cet article m'a semblé très équilibré et très honnête.
        
    1-L'Inquisition.
    a)-C'est une structure ecclésiastique qui, en collaboration avec l'état, agissait pour la défense de la foi et l'élimination des hérésies (à l'origine, elle était destinée à lutter contre les Cathares).
    b)-Cette structure a été mise en place par le pape Innocent III en 1199 - celui-là même qui a achevé la réforme grégorienne (voir chapitre 4) - et a duré jusqu'au début du XIXe siècle.
    c)-Innocent III en a confié la responsabilité aux dominicains, mais des franciscains y ont également participé (ils étaient alors délégués du Saint Siège).
    d)-Les inquisiteurs agissaient en 3 temps : ils enquêtaient sur les personnes qui avaient été dénoncées comme hérétiques (c'est à dire des chrétiens qui diffusaient des idées contraires à la foi), ils les faisaient avouer (par la torture si cela était nécessaire), ils prononçaient une sentence.
    e)-La peine encourue pouvait être "étroite" (participer à une messe, faire un pèlerinage...) ou "large" (une flagellation, une incarcération...).
    f)-Parfois, les personnes étaient abandonnées à des tribunaux civiles qui pouvaient les condamner au bûcher (la mort par le feu était considéré comme un moyen de purifier l'âme).
        
    2-Les abus.
    Cette méthode a entraîné de multiples abus :
    a)-On ne s'est pas contenté de dénoncer les hérésies, mais, aussi, tout comportement moral jugé contraire à la foi : l'apostasie, le blasphème, la magie, la bigamie, l'infraction à l'abstinence de viande, l'homosexualité...
    b)-On a également dénoncé des gens qui n'étaient ni hérétiques ni amoraux, mais qui étaient simplement "gênants" pour les autorités en place (des concurrents, des rivaux...).
    c)-Enfin, on a dénoncé des personnes uniquement parce que leur religion était différente : des juifs, des musulmans... (en Espagne, leur situation a été particulièrement difficile).
        
    3-La modération.
    Afin de revenir à plus d'objectivité (car certains ennemis de l'Eglise ont sciemment déformé les choses), il est nécessaire de prendre en compte certains éléments :
    a)-Innocent III a mis en place l'Inquisition dans un contexte très particulier.
    L'Eglise avait beaucoup de difficultés à se libérer de l'emprise des autorités civiles, et il fallait lutter contre les abus et les désordres.
    b)-A cette époque, le recours à la violence paraissait moins choquant qu'aujourd'hui (même des saints en parlaient).
    Les canons de moralité étaient différents des notres. Aussi de nombreux inquisiteurs agissaient-ils en toute bonne foi, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.
    c)-Par ailleurs, des souverains se sont largement "servi" de l'Inquisition pour se débarrasser de leurs ennemis !
    Avant, en effet, il n'y avait pas de séparation de l'Eglise et de l'état. Le désaccord religieux était automatiquement considéré comme une désapprobation civile.
    Certains en ont donc profité pour faire de l'Inquisition un instrument politique (relire point 2b).
    d)-Il faut aussi savoir que les tribunaux ecclésiastiques étaient beaucoup plus cléments que les tribunaux civiles. Ils prenaient en compte les conditions mentales et psychologiques des gens.
    Dans le doute, on ne condamnait pas (ex. : Rome n'a pas été d'accord avec l'Inquisition espagnole et a voulu en modérer les excès).
    e)-Enfin, il faut également savoir que moins de 2% des procès se sont terminés par une condamnation à mort.
        
    En dépit de cela, il n'en reste pas moins que vouloir convertir par la force plutôt que par l'amour est une erreur grave.
    Toutefois, il est vrai, aussi, que tout homme peut se tromper, dans sa vie.
    Il faut du temps pour atteindre la maturité de la foi. L'Eglise a dû cheminer, elle aussi.
        
    Lors du Jubilé de l'an 2000, le pape Jean Paul II a entrepris une démarche de purification de la mémoire et il a plusieurs fois demandé pardon pour l'Inquisition.
    Cette attitude nous invite à penser que plutôt que de chercher à remuer le passé, il vaut mieux se tourner vers le pardon... et vers l'avenir.