-
LE BILAN DE L'EGLISE MISSIONNAIRE A LA RENAISSANCE (supplément 10B)
A la Renaissance, la propagation du christianisme se poursuit de la manière suivante :
1-L'Islam.
Après la prise de Constantinople (1453), on assiste à une avancée considérable de l'Islam d'Est en Ouest.
La Turquie sert de base arrière aux musulmans pour lancer des raids contre l'Europe, et la peur règne alors partout. A un moment donné, on craint même pour l'Italie.
La menace est cependant écartée grâce à plusieurs victoires décisives : en 1565, la flotte turc est stoppée dans son expansion, à Maltes; en 1571, elle est détruite à la bataille de Lépante, en Grèce; en 1683, l'armée turc est réduite à néant à son tour par les polonais, en Autriche.
L'avancée temporaire de l'Islam est néanmoins suffisante pour couper la route vers la Chine, et cela pousse les gens à chercher d'autres voies de passage vers l'Est.
Tout naturellement, ils songent à emprunter la voie maritime, et c'est ainsi que les pays qui ont une grande ouverture sur la mer (comme le Portugal et l'Espagne) arrivent sur le devant de la scène internationale.
2-Le Portugal et l'Espagne.
Il y a une grande rivalité entre ces deux nations, au niveau des missions. A tel point qu'au congrès de Tordesillas (1494), le pape Alexandre VI doit attribuer à chacune des zones précises, en Amérique du Sud.
Mais voici plutôt quelques événements importants :
a)-Le Portugal : Henry le navigateur (1394-1460) commence l'exploration des côtes africaines; Bartolomeu Dias (1450-1500) découvre le cap de Bonne Espérance; Vasco de Gama (1469-1524) atteint l'Inde par la mer; Fernand de Magellan (1480-1521) réalise le premier tour du monde en bateau...
Notons que l'évangélisation marche très mal en Afrique car le désert rend le territoire très difficile d'accès.
De plus, les blancs font de l'esclavage et cela nuit terriblement à leur image.
Les choses ne changeront qu'aux XVIIIe et XIXe siècles.
b)-L'Espagne : elle devient la grande puissance européenne de la Renaissance (surtout de 1500 à 1650).
Parmi les faits marquants : Christophe Colomb (1450-1506) traverse l'Océan Atlantique et atteint les îles situées au large de l'Amérique du Nord, même s'il est vrai qu'il croit être arrivé en Inde; Amerigo Vespucci (1454-1512) poursuit l'exploration des côtes américaines et comprend qu'il s'agit d'un nouveau continent.
Plus tard, on donnera son nom à l'Amérique.
c)-Le bilan des missions placées sous le patronage espagnol et portugais est un mélange de réussites et d'échecs.
-les réussites : au Mexique, l'arrivée du christianisme contribue à la disparition de la religion Aztèque qui était cruelle et autorisait les sacrifices humains; en Amérique du Sud, les européens portent un coup fatal aux Incas, qui exploitaient les gens, et la christianisation est très rapide.
-les échecs : parfois, il arrive que les colons ne tiennent pas assez compte des hommes. Il y a alors des massacres, de l'esclavage, des conversions forcées...
Notons que "l'Invincible Armada" (c'est à dire la flotte espagnole) s'affaiblit peu à peu car elle est souvent attaquée par des nations rivales.
De plus, les colonies coûtent très vite plus d'argent qu'elles n'en rapportent et, avec le temps, il y a des mouvements d'indépendance (notamment avec Simon Bolivar au début du XIXe siècle).
3-La "Congrégation de Propaganda Fide" (prononcez "fidé").
La "Congrégation pour la Propagation de la Foi" (ou, depuis 1967, "Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples") est mise en place dans sa forme définitive par Grégoire XV en 1622.
Elle a la charge des missions et est présidée par un cardinal-préfet.
Dans chacun de ses deux principaux objectifs, elle connaît elle aussi des réussites et des échecs.
a)-Le premier objectif est d'aller là où les portugais et les espagnols ne vont pas.
-les réussites : le christianisme est introduit dans certains pays comme l'Inde, l'Indonésie, les Philippines (tout n'est pas facile mais on parvient quand même à installer des points d'implantation de la foi), le Viet-Nam (les choses fonctionnent plutôt bien, dans ce pays)...
-les échecs : on assiste parfois à des résistances nationalistes et à des persécutions comme au Japon, par exemple, ou bien en Chine...
b)-Le second objectif est de reconquérir les terres tombées aux mains des protestants.
-les réussites : cela marche partiellement en Allemagne, en Suisse, en Hongrie, en Pologne et en Autriche (une partie du chemin est refaite mais pas tout, loin s'en faut).
-les échecs : les avancées sont particulièrement difficiles dans les pays scandinaves et en Angleterre (notamment à cause de la violence des répressions, dans le cas de l'Angleterre).
Notons que l'on parvient aussi à rétablir le contact avec certaines fractions de l'Eglise orthodoxe en Ukraine, en Roumanie... Cela donne alors naissance au mouvement "uniate".
Le bilan de la Renaissance est donc le suivant :
a)-On stoppe l'Islam.
b)-Les portugais et les espagnols explorent le monde et évangélisent l'Amérique du Sud.
c)-La "Congrégation de Propaganda Fide" se rend là où les portugais et les espagnols ne vont pas et s'occupe également de reconquérir les terres devenues protestantes.
d)-Il y a des réussites et des échecs PARTOUT, mais l'effort missionnaire est CONSIDERABLE.
On fait le tour de la planète et cela donne aux gens un sentiment très fort d'ouverture et de LIBERTE.
(Ceux qui sont intéressés par ce sujet apprécieront sûrement le film "Mission", de Roland Joffé (avec Robert de Niro et Jeremy Irons), qui a reçu la Palme d'Or au festival de Cannes en 1986).