• LE VILLAGE DE LA MERE : APPRENDRE A RETISSER DES LIENS AUSSI FORTS QUE CEUX QUI UNISSENT LES MEMBRES D'UNE MEME FAMILLE

    Dans le film "Au nom de la Gospa", réalisé par le cinéaste Michaël Mayr, le père Slavko Barbaric (l'ancien responsable de la paroisse de Medjugorje, qui est décédé en novembre 2000) témoigne : "Nous savons tous ce qui se passe pendant les guerres. Il y a beaucoup de souffrances à tous les niveaux, et particulièrement chez les enfants. Il y a plusieurs années s'est constitué ici (c'est-à-dire à Medjugorje) un groupe d'enfants. Les sœurs franciscaines s'en sont alors occupé et nous avons loué une maison. En attendant, j'étais à la recherche de quelque chose de plus grand. Enfin, nous avons trouvé cet espace et nous l'avons appelé : le village de la Mère. Nous ne voulions pas un établissement simplement pour des orphelins, des malades ou des personnes âgées. Nous voulions créer un projet intégral".
        
    Le Village de la Mère ("Majcino Selo", en croate) est, aux dires de certains, le projet humanitaire le plus ambitieux qui ait jamais été mené par le père Slavko. Avec cette entreprise, en effet, il a montré ce que l'on pouvait faire sans recevoir aucune aide de l'état, c'est-à-dire : rien qu'avec des fonds apportés par des bienfaiteurs. Et cela n'a pas été facile car le Village, il faut le savoir, a été bâti sur ce qui n'était, avant, qu'une gigantesque décharge publique. Tout n'était que détritus, ordures, saletés… et ce sont les jeunes de la communauté du Cénacle qui se sont dépensés sans compter pour tout nettoyer.
        
    Aujourd'hui, l'emplacement ressemble à un grand complexe moderne dans lequel sont regroupés une quantité assez impressionnante de services :
    -7 maisons familiales accueillant une soixantaine d'enfants de leur naissance jusqu'à l'âge de 18 ans. Dans chacune de ces maisons vivent et travaillent en permanence deux formateurs, guides et éducateurs d'enfants.
    -1 crèche familiale baptisée "Crèche de Saint François", organisée pour offrir assistance et soins aux plus petits du village.
    -1 école maternelle appelée "Ecole Sainte Thérèse de Lisieux", ayant pour but d'offrir aux enfants du Village la possibilité de rencontrer des enfants de leur âge issus des familles du pays ou des alentours. Annuellement, l'école accueille environ 160 enfants.
    -1 centre médical avec différentes spécialisations.
    -1 centre d'accueil des mères célibataires.
    -1 centre d'accueil appelé "La communauté du Père Miséricordieux", qui est mis à la disposition des hommes qui ont fait l'expérience d'une conversion et qui désirent construire une nouvelle vie sur les bases de l'évangile à travers la prière et le service aux autres.
    -1 atelier d'expression artistique avec une salle d'exposition dont les rôles principaux sont : l'enseignement, le psycho-relationnel et la thérapie pour guérir les blessures psychologiques des enfants et des jeunes par le biais du dessin, de la composition, du travail de la terre cuite et d'autres matériaux.
    -On peut noter également qu'il est prévu, dans les mois et les années qui viennent, de construire une maison de retraite de même qu'une chapelle.
        
    Oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, tous ces services absolument fabuleux que nous venons de citer (et nous aurions même pu en ajouter quelques autres) ont pu être mis en place uniquement grâce à l'argent apporté par des donateurs. L'état n'a en aucune façon contribué au projet.
        
    Mais, si vous le voulez bien, écoutons maintenant le témoignage de la voyante Mirjana et celui de son mari Marco, au sujet des rapports qu'entretenait le père Slavko avec l'argent. Cela, vous allez le voir, va être très intéressant pour nous qui sommes souvent si prompts à nous faire du souci quand les fonds dont nous avons besoin pour réaliser nos projets ne sont pas là.
    Les propos qui suivent sont une nouvelle fois tirés du film de Michaël Mayr : "Au nom de la Gospa".
        
    Voici donc ce que nous dit Mirjana : "Même si le père Slavko n'est plus présent physiquement avec nous, son esprit continuera toujours de vivre. Marco et moi avons beaucoup travaillé avec lui et nous sentons que nous avons la responsabilité de réaliser ce à quoi nous avions rêvé ensemble (…). L'argent n'avait aucune importance, pour lui. Il n'aimait pas en parler. Quand il recevait de l'argent, il nous demandait : Est-ce suffisant pour construire une maison de retraite ? Combien faut-il encore ?"
         
    Et voici ce que dit Marco : "L'argent, pour lui, n'a jamais été un problème car il n'y voyait pas un problème. Il savait exactement ce qu'il voulait, et quand il en était convaincu, il n'y avait plus de problème. Je me souviens bien de ce que le père Slavko nous a dit quand il a eu l'idée du Village de la Mère. Il est parti prier à la colline des apparitions. Et là-bas, près de la seconde station (la visitation de la Vierge à sa cousine Elisabeth), quelqu'un s'est approché de lui. Cet étranger lui a tendu un chèque et il lui a dit que c'était pour le Village de la Mère et qu'il voulait le soutenir. Le père Slavko l'a remercié et il lui a dit que cet argent était moins important pour lui que les paroles que l'homme venait de dire".
        
    Ces deux petits témoignages nous montrent bien, nous le sentons parfaitement, à quel point les considérations d'ordre purement financier ne doivent jamais constituer un obstacle pour les chrétiens que nous sommes lorsque nous travaillons pour Dieu. Oui, Dieu, si nous lui faisons confiance, saura toujours pourvoir à tout. Il est important de toujours s'en rappeler.
        
    Mais lorsque l'on prend le temps de réfléchir encore plus en profondeur sur cette œuvre merveilleuse qu'est le Village de la Mère, on peut se dire que ce qui est vraiment extraordinaire, dans ce grand projet humanitaire, c'est qu'en plus de venir en aide aux orphelins de la guerre de Bosnie, il répond aussi à l'un des besoins les plus profonds et les plus urgents qui puissent exister dans notre société actuelle : reconstruire des cellules de type familiales où des gens de tous âges puissent réapprendre à tisser entre eux des liens affectifs solides.
    Oui, voilà bien ce qu'est la plus grande merveille apportée par le Village de la Mère. En effet, nous constatons tous que nous vivons aujourd'hui à une époque où l'institution de la famille éclate de toutes parts, et où les générations sont comme "montées les unes contre les autres". Il y a énormément de gens, par exemple, qui se retrouvent seuls et sans repères par les temps qui courent (qu'ils soient jeunes, adultes ou âgés… cela n'y change absolument rien). C'est même là quelque chose qui est devenu presque banal.
    Or, ce qui est vraiment fantastique, au Village de la Mère, c'est ce souci qu'a eu le père Slavko (de même que toutes les personnes qui l'ont aidé à mettre ce projet sur pieds) d'unifier, de rassembler et de remettre des êtres humains d'âges très divers en contact les uns avec les autres; chaque génération ayant ainsi la possibilité d'enrichir les autres… soit par son savoir, soit par ses questions.
    Oui, cela est vraiment extraordinaire ! D'autant plus qu'il devient très urgent, aujourd'hui, que soient trouvés des moyens par lesquels les hommes puissent enrayer les ravages causés par la solitude et la pauvreté. Il y a tellement de gens qui n'ont plus d'espoir, dans notre société !
        
    Puisse l'œuvre admirable du père Slavko Barbaric susciter d'autres idées du même type, à travers le monde entier. Puissent également les hommes de tous les pays entretenir en eux un désir très fort de surmonter toute division et de retrouver enfin le goût de vivre ENSEMBLE.