• V-L'EGLISE DU MOYEN-AGE : LE TEMPS DES CATHEDRALES (du XIIe au XIVe siècle)

    1-Au tournant de l'an 1000, l'Europe sort de ce que l'on appelle "le Haut Moyen-Age" (qui, souvenons-nous, est un temps d'instabilité, de conflits, de menaces extérieures...) pour entrer dans la seconde partie du Moyen-Age (qui, elle, s'étend du XIe jusqu'au milieu du XVe siècle, et qui voit se lever un vent nouveau).
    Mais, si vous le voulez bien, distinguons rapidement deux choses : l'Eglise et le monde.
        
    A-Comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents, l'Eglise va mieux.
    Le renouveau apporté par les groupements monastiques et les nouvelles congrégations fait souffler un vent frais "par le bas" (si l'on peut dire), tandis que la réforme grégorienne, elle, fait souffler un vent frais "par le haut".
    Ainsi "prise en tenaille" par ces deux courants réformateurs, l'Eglise toute entière devient plus libre et la "tension" avec les autorités civiles (la fameuse querelle des investitures) est en voie de désamorçage (même s'il est vrai que tout n'est pas résolu !).
        
    B-Parallèlement à cela, le monde va mieux lui aussi.
    La raison est double :
    -Le système féodal (en agissant "par le bas", d'une certaine façon) est parvenu à repousser toutes les attaques extérieures (les Normands au Nord, les Hongrois à l'Est et l'Islam au Sud...).
    Les populations ont été protégées et il y a une période d'accalmie. C'est comme si une "tension" retombait là aussi.
    -Par ailleurs, il y a également une action qui est menée "par le haut". En effet, Hugues Capet (qui a été roi en 987) a inauguré une dynastie dont les souverains se transmettent le pouvoir de manière héréditaire (ce qui donne de la stabilité à la France) et cherchent à affermir leur domination sur les seigneurs (ce qui donne au pays une certaine unité).
    C'est donc tout naturellement que ce monde en cours de "régénération" religieuse et civile :
    a)-s'ouvre sur l'extérieur : les routes sont libres et le réseau est amélioré, on se déplace, on a un désir de paix, un sens de la solidarité...
    b)-s'ouvre peu à peu au monde et au "commerce international" (les expéditions de l'italien Marco Polo en Chine date du XIIIe siècle).
    c)-s'ouvre spirituellement et retrouve la foi (le culte des saints, par exemple, est alors très présent. Dans les auberges, les chambres portent très souvent des noms de saints).
        
    2-Le temps des cathédrales (qui part du XIIe et va jusqu'au début du XIVe siècle) est donc l'expression de ce nouvel élan de foi, d'espérance et de charité dans l'Eglise et dans le monde.
    Si nous avions voyagé de ville en ville, à cette époque, nous aurions sûrement constaté que l'Europe était en chantier; chaque ville voulant "sa" cathédrale (plus belle et plus haute que celle du voisin !).
    On bâtit aussi un nombre considérable d'églises paroissiales et d'abbayes.
    A tel point qu'un historien a dit un jour : "on a remué plus de pierres, à cette époque, que l'Egypte pendant toute son histoire" (c'est sûrement excessif, mais le fait que quelqu'un ait pu le penser montre bien à quel point bâtir a été important).
    On peut noter également qu'il n'y a pas que le fait de construire qui témoigne de ce nouvel élan de foi, mais aussi la manière dont on construit.
    En effet, l'art roman des grands ordres monastiques du XIe (qui privilégiait les murailles épaisses, les puissantes assises... et symbolisait la résistance du christianisme aux moeurs de l'époque) est désormais remplacé par l'art gothique.
    Ainsi :
    -les églises ressemblent à de véritables navires,
    -il y a beaucoup de lumière avec les vitraux et les rosaces,
    -les voûtes sur croisées d'ogives semblent soulever les édifices jusqu'au ciel,
    -on a l'impression que l'on s'élève soudainement vers Dieu et que l'on va entrer au Paradis !
        
    Est-ce à dire que l'Eglise s'apprête à quitter le Moyen-Age (l'année 1453 en marquera la fin officielle) et à entrer dans le monde de la renaissance sans encombre ? Sûrement pas... car il y aura bien d'autres problèmes ! L'aventure n'est pas terminée !
        
    (à suivre)