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X-L'EGLISE DE LA RENAISSANCE : LA RESURRECTION DES ORDRES MONASTIQUES (XVIe siècle)
Le Concile de Trente (on parle aussi parfois de la "Réforme Tridentine") entraîne un profond renouvellement de l'Eglise, notamment au niveau des papes, des évêques et des prêtres.
Ce vent frais, qui souffle donc "du haut vers le bas", s'accompagne aussi d'un réveil des ordres monastiques qui sortent progressivement de leur "endormissement", et ceci grâce à deux choses : la réforme des ordres anciens et la création d'ordres nouveaux.
Si vous le voulez bien, considérons maintenant ces deux points.
1-Au XVIe siècle, plusieurs saints sentent que les monastères se sont relâchés et qu'il est urgent de leur donner une "nouvelle impulsion". Pour cela, ils préconisent de revenir à ce que l'on appelle "l'observance" (c'est à dire l'application rigoureuse de la règle primitive telle que le fondateur de l'ordre l'a écrite, et dont on s'est éloigné au fil des années).
Parmi les réformateurs célèbres, on peut noter :
a)-St Jean de la Croix (1542-1591) : il est espagnol, carme, et constate avec douleur qu'il y a un manque de rigueur dans sa famille religieuse. Ses supérieurs hiérarchiques s'opposent violemment à ses idées réformatrices (admettre qu'il est nécessaire de se convertir n'est pas toujours facile !) mais, loin de le décourager, cela le pousse à s'unir à Dieu d'une manière particulièrement intense.
Le récit de sa fabuleuse expérience mystique est contenu dans "Le Cantique Spirituel", l'un des plus beaux livres spirituels de toute l'histoire de la littérature chrétienne.
b)-Ste Thérèse d'Avilla (1515-1582) : elle entre au Carmel à 20 ans et découvre que les soeurs y mènent une vie facile et qu'elles passent leurs journées à discuter au parloir.
Elle entreprend alors la réforme de l'ordre et fonde, contre vents et marées, 16 nouveaux monastères où elle remet la règle primitive au goût du jour.
Elle est très proche de Saint Jean de la Croix.
c)-Les Capucins : venus du Nord de l'Italie, ils réforment l'ordre franciscain et ont une grande influence sur leurs contemporains car ils sont de très bons confesseurs et d'excellents prédicateurs.
L'expression "prêcher à la capucine" signifie d'ailleurs, à l'époque, "prêcher avec éclats de voix".
d)-On peut noter également que d'autres ordres anciens se réforment : les bénédictins, les cisterciens (ces derniers deviennent alors les trappistes), les dominicains...
Seuls les Chartreux, qui constituent un cas unique dans l'Eglise, ne se réforment pas ("Jamais réformés car jamais déformés" !).
Mais malgré ce cas à part, le retour à l'observance est quasi-général et il redynamise l'ensemble du clergé régulier qui peut alors avoir à nouveau une influence sur la société de l'époque.
2-En ce qui concerne la création d'ordres nouveaux, on assiste encore une fois (comme à chaque période de remise en question, d'ailleurs) à une véritable explosion de communautés.
Voici deux exemples intéressants choisis parmi une multitude d'autres :
a)-Les Jésuites : ils sont créés par Saint Ignace de Loyola (1491-1556) en 1539. Très vite, ils prennent de l'importance dans les diocèses car ils prêchent dans les écoles, les collèges, les universités... et parviennent à former énormément de gens.
Très attachés à l'Eglise et au pape, leur influence est d'autant plus grande qu'ils ont une spiritualité très "carrée" qui permet de bien structurer la pensée (chacun a sûrement déjà entendu parler des fameux "exercices spirituels" de Saint Ignace).
b)-Les Ursulines : elles sont créées par Ste Angèle Merici (1470-1540) en 1535. Elles ne vivent pas cloîtrées (ce qui est très étonnant pour l'époque) mais privilégient le contact avec l'extérieur et oeuvrent beaucoup pour l'éducation chrétienne des femmes, notamment en élevant le niveau de connaissance des mères de famille.
Par leur apostolat, elles habituent aussi les gens à voir des femmes "agir" et pas seulement "prier".
Ces deux ordres, ainsi que de très nombreux autres que nous ne pourrons malheureusement pas tous citer ici, jouent un rôle majeur dans le renouvellement de l'Eglise et dans l'édification de l'ensemble des baptisés (un peu à l'instar des ordres qui étaient nés au XIIIe siècle).
Notons aussi une petite chose : niveau chronologique, ces réformes et ces créations d'ordres ne sont pas toutes postérieures au Concile de Trente. Certaines le "précèdent" de quelques années.
Cela n'est pas très surprenant dans la mesure où il y a toujours des "signes avant-coureurs" qui précèdent chaque Concile; et le renouveau des ordres monastiques en fait partie.
C'est un peu comme la nuée qui entoure une comète (si tant est que l'on puisse comparer un Concile à une comète) : l'essentiel de la nuée suit la comète, mais une fine pellicule l'enveloppe aussi à l'avant.
Pour conclure, retenons simplement que l'action du Vatican (qui va "du haut vers le bas") et celle des ordres monastiques (qui va "du bas vers le haut") permettent à l'Eglise toute entière de se sortir une nouvelle fois d'une crise extrêmement profonde.
Attention, toutefois, car la route est longue... et le plus dur est devant nous !
(à suivre)