• INTERVIEW DU CARDINAL SCHÖNBORN DU 4 JANVIER 2010 ("VERCERNJI LIST")

    Voici une interview du Cardinal Schönborn qui est parue dans le journal croate "Vercernji List" du 4 janvier 2010 (source : SOM / traduit par mes soins à partir de la version anglaise).

         
    Medjugorje est à nouveau au centre de l'attention, dans l'Eglise et aussi dans le monde. Bien que la visite du Cardinal Schönborn soit privée, elle n'a laissé personne indifférent parce qu'il est membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Nous avons pu parler avec le Cardinal alors qu'il se trouvait à Medjugorje.

     

    "Nous sommes venus ici pour être plus proches de la Mère de Dieu", avez-vous dit lors de la veillée de Noël, Votre Eminence. Ces mots ont eu un grand écho. Nous voudrions que vous nous les expliquiez.

      

    Nous ne pouvons pas nier que des pèlerins sont venus ici pendant les 20 dernières années, de la même façon que nous ne pouvons pas nier tout ce dont ils ont fait l'expérience, à Medjugorje, et combien ils se sentent proches de la Mère Bénie.

    C'est ma première visite, mais depuis que je suis évêque - depuis 1991 - j'ai tout bonnement remarqué les fruits de Medjugorje.

        
    De quels fruits parlez-vous ?

     

    Je vais vous donner quelques exemples :

    Des appels à la prêtrise. Beaucoup de nos jeunes prêtres ont reçu l'appel à la vocation ici; pas nécessairement à Medjugorje même, mais grâce à Medjugorje.

    La deuxième chose, ce sont les conversions. Je suis impressionné de voir que cela se passe à tous les niveaux de la société, depuis les familles nobles, en passant par des industriels, jusqu'aux gens d'humble condition.

    Durant mon vol depuis Vienne, via Zagreb jusqu'à Split, un garde de sécurité m'a demandé où j'allais et je lui ai répondu que je me rendais à Medjugorje. Tout à coup, son visage s'est illuminé et il m'a dit qu'il avait lui aussi reçu la grâce de sa conversion à Medjugorje.

    Il y a quelques semaines, dans une petite gare ferroviaire, un ouvrier m'a raconté son histoire. Sa femme est morte d'un cancer. Il était désespéré et ses amis l'ont amené à Medjugorje. Il a reçu là-bas une foi forte et vivante.

    La troisième preuve, ce sont les guérisons. Un jeune homme qui était dépendant de la drogue m'a dit que ses amis l'avaient pratiquement forcé à venir ici. Il m'a dit qu'au moment même où le bus entrait à Medjugorje, il s'est passé quelque chose en lui. Il a été guéri immédiatement. Or, chacun de nous sait combien de temps prend ce genre de guérison.

    La quatrième preuve, ce sont les groupes de prière. Je connais ce "Groupe de Prière Medjugorje" de Vienne depuis l'époque où je n'étais pas encore évêque. Je les connais depuis les années 80. Pour nous, les dominicains, cela était très significatif de voir ces gens prier pendant des heures dans leur église et de voir que leur église était toujours pleine. Les églises dominicaines sont rarement aussi pleines, à Vienne. Les mardis soirs, l'église était toujours remplie. Ils sont restés fidèles à la prière jusqu'à aujourd'hui.

    Jésus a dit que l'arbre mauvais ne portait jamais de fruits. Cela signifie que si les fruits sont bons, alors l'arbre est bon lui aussi.

        
    Pour les pèlerins, Medjugorje est un miracle et ils espèrent un message du Saint Siège avant que l'Eglise Officielle approuve les événements surnaturels de Medjugorje. Il y a eu des spéculations sur le moment où le Saint Siège bougerait. Que savez-vous de cela et quelle est votre opinion sur les demandes de reconnaissance de Medjugorje ?

     

    Je n'ai pas d'informations détaillées sur ce sujet, et ce n'est pas mon rôle. Mais je m'en tiens au rapport de la Conférence de Yougoslavie de l'évêque, et à la Congrégation pour la doctrine de la foi du Saint Siège. Pour moi, ce rapport a toujours été raisonnable et adroit. Je vais rappeler à votre mémoire trois choses au sujet de Medjugorje.

    La première, ce sont les phénomènes. Je suis attaché au dogme et j'ai été professeur de dogme théologique. "Non constat de surnaturel" signifie que l'Eglise n'a pas donné son avis définitif sur le caractère surnaturel du phénomène, et qu'elle n'a fait aucun rapport. Donc, elle n'a jamais nié ni confirmé.
        
    Cela ressemble à une réponse diplomatique. Qu'est-ce que cela signifie réellement dans la pratique ?

      

    Cela signifie simplement que l'Eglise n'a pas donné sa décision et son jugement final. Je suis personnellement convaincu que c'est bien. Pendant que des phénomènes se déroulent, l'Eglise ne va sûrement pas prendre une décision et rendre un jugement final.

    Ces phénomènes sont le centre de Medjugorje. Cela a commencé avec les enfants qui ont dit qu'ils voyaient Notre Dame, et avec les messages qu'elle a donnés à travers eux.

    A partir de là s'est développé un second phénomène qui sera étudié par l'Eglise à un second niveau : depuis le tout début, un très grand nombre de pèlerins est venu à Medjugorje.

    Une vie de prière intense s'est développée ici et beaucoup d'organisations humanitaires sont nées ici.

     

    L'Eglise a dissocié le cas de Medjugorje du travail pastoral. Pourtant, un grand nombre de pèlerin vient ici. Quelle est votre position sur cette question ?

     

    Des moyens d'accès ont été mis en place pour les pèlerinages, et c'est là un vrai challenge pour l'Eglise. C'est pourquoi les évêques de l'ex-Yougoslavie ont dit que les pèlerinages diocésains ne devaient pas exister.

    Je ne veux pas et je ne peux pas organiser de pèlerinages officiels à Medjugorje dans mon diocèse comme nous l'avons fait pour Rome ou pour la Terre Sainte.

    Mais ni la Conférence ni Rome n'a jamais interdit aux pèlerins de se rendre à Medjugorje, ce qui constitue l'essentiel du troisième point.

    Pour nous, les évêques, pour moi, cela est très important.

    Les croyants doivent pouvoir bénéficier d'un accompagnement pastoral. En tant qu'Archevêque, c'est ainsi que je ressens ma tâche. Si moi, comme évêque, je vois dans mon diocèse des centaines, voire des milliers, de fidèles se convertir, prier et guérir, alors moi, comme évêque, je dois faire en sorte que tous puissent bénéficier de cet accompagnement pastoral.

    C'est la raison pour laquelle j'ai soutenu toutes ces choses, comme par exemple la communauté "Oasis de la Paix", qui est née grâce à Medjugorje.

    Je pense que tout cela a une influence sur nous, les évêques, spécialement dans les diocèses où des pèlerins viennent à Medjugorje et ont besoin d'un accompagnement pastoral.

    C'est ainsi qu'au cours de toutes les conversations que j'ai eu avec d'autres évêques au sujet de Medjugorje, je les ai encouragés à soutenir leurs pèlerins.

        
    Vous avez rencontré un voyant (ndlr : il s'agit de Marija) et vous êtes allés sur la colline des apparitions. De quoi avez-vous parlé ?

      

    Je vous dirais avec ironie que Notre Dame ne choisit pas les collines les plus simples. Je suis fasciné par la cohérence qui existe entre Medjugorje et les autres sanctuaires mariaux et les autres lieux d'apparitions.

    Je dis toujours qu'il existe une grammaire des apparitions de Marie. Notre Dame a un style spécial.

      

    En quoi existe-t-il un lien ?
     
    Il y a trois éléments qui sont en lien avec ce phénomène.

    Pratiquement toujours, Notre Dame apparaît à des enfants.

    Ils n'étaient pas des enfants spécialement intelligents ou saints, mais des enfants normaux. Bernadette ne savait pas écrire. Elle avait 14 ans, à peu près comme les enfants ici.

    Deuxièmement, Marie donne les messages à travers les enfants. C'est offensant (ndlr : "insulting", en anglais) pour un évêque.

    Pourquoi Notre Dame ne vient-elle pas à l'évêché ? Pourquoi vient-elle sur une colline jonchée de pierres ou près d'une rivière ? Ce n'est pas pratique. A Fatima, elle est apparue dans les buissons.

    Elle donne les messages à travers les enfants parce que les enfants ne sont pas compliqués.

    Le troisième élément est que Notre Dame semble avoir son propre programme.

    A Fatima, elle est apparue avant la Révolution Russe et elle a transmis un message.

    Quand le rationalisme a atteint son apogée, elle est apparue à Lourdes.

    Elle est apparue en Yougoslavie à un moment où nous ne savions pas que la Yougoslavie allait tomber alors que les catholiques, les musulmans et les orthodoxes vivaient ensemble.

    Elle apparaît sous le nom de "Reine de la Paix".

    Dix ans après cela éclate la première des quatre guerres de la Péninsule des Balkans. Et son premier message concernait la paix à travers la conversion et la prière, et ce premier message a son poids, sa force et sa crédibilité.

    Peut-être pourrions-nous aller plus loin, jusqu'à Guadalupe, au Mexique.

    Quand l'Europe a commencé à envahir l'Amérique, Notre Dame est apparue à un indien qui a dû aller trouver son évêque pour lui dire ce qu'il fallait faire.

    Je pense que les théologiens doivent étudier la syntaxe des apparitions mariales et, dans ce contexte, étudier le phénomène de Medjugorje.
     

    On prie sans cesse pour la paix, à Medjugorje, mais la paix politique n'est pas satisfaisante. Le pays a des problèmes et les Croates catholiques se retrouvent dans la pire des situations. Que suggéreriez-vous à la Communauté Internationale qui est représentée dans ce pays par votre compatriote Valentin Inzko ?

     

    Le problème, ici, est qu'il y a trop de pays qui sont impliqués dans un si petit pays, ce qui fait qu'il ne peut pas surmonter ces problèmes.

    La paix longue et durable peut venir seulement si tout est pour tout le monde. C'est là un défi pour la politique européenne.

    Je suis heureux que Valentin Inzko ait maintenant la charge de la Bosnie Herzégovine et j'espère qu'il va recevoir un plus grand soutien de la communauté européenne.

    Je suis sûr que ce qui se passe à Medjugorje soutient cette paix. Et des gens du monde entier se rendent dans ce petit village d'Herzégovine qui n'a jamais été connu dans le monde, si je puis parler de manière ironique.

    Regardez combien de Coréens viennent à Medjugorje ! L'espérance est que ces gens seront des apôtres de la paix dans leurs pays, de la paix qui vient de Medjugorje.

    Si on prie pour la paix du monde dans un endroit, alors c'est une bénédiction spéciale pour un pays.

    Et Notre Dame respecte chacune des trois religions. Les fidèles orthodoxes honorent Notre Dame, l'Islam ne respecte aucune autre personne plus que Marie. Pour les croates catholiques, qui forment une minorité dans ce pays, les apparitions - qui se passent chez eux - sont un grand réconfort.