• "LES BALLONS BLANCS" ET "LES MOINEAUX"

    LES BALLONS BLANCS
        
    Un samedi soir de juillet, dans ma paroisse, la femme du sacristain vient trouver le prêtre pour lui signaler la chose suivante :
    -"Père ! C'est terrible ! Vous venez de célébrer un mariage, cet après-midi, et les gens ont lâché des ballons gonflés à l'hydrogène à l'intérieur même de la collégiale, en s'en allant. Trois d'entre eux, de couleur blanche, sont restés coincés sous les voûtes situées derrière l'autel. Or, lundi matin, il se trouve que vous avez des funérailles... et. je crains que ces ballons ne soient du plus mauvais effet".
        
    Le prêtre se rend dans l'église avec la femme du sacristain, très tranquillement, et constate qu'effectivement, trois gros ballons blancs sont coincés sous les voûtes situées derrière l'autel.
    Ils sont assez hauts, mais on les voit malheureusement très bien dès qu'on lève les yeux pour regarder les vitraux.
    -"Comment pourrions-nous faire pour les enlever ?" demande la femme du sacristain qui est une personne qui a le défaut de paniquer assez facilement. "Il nous faudrait l'échelle des pompiers, pour cela !"
    -"Ne vous inquiétez pas", répond le prêtre très calmement. "Je crois que j'ai ce qu'il faut pour solutionner ce problème".
    Le prêtre sort de l'église et revient quelques secondes plus tard.
        
    En le voyant revenir, la brave femme blêmit et s'assied sur un banc en disant :
    -"Mais... père... vous... vous... vous ne pensez tout de même pas vous servir de ça ??"
    -"Pourquoi vous affolez-vous comme ça ?" demande le prêtre. "Ce n'est qu'une carabine à plomb dont je me sers pour éloigner les oiseaux de mes cerisiers !"
    -"Mais père !" continue la femme complètement médusée, "Et les vitraux ? Vous ne pensez pas aux vitraux !! Nos beaux vitraux que nous venons tout juste de faire restaurer !!!"
    -"Oh, les vitraux ! Ce n'est rien ! N'y pensez donc pas !"
        
    Au moment où le prêtre arme son tir, la femme du sacristain (à laquelle se sont joints quelques paroissiens qui passaient dans le coin) détourne son regard en disant :
    -"Je préfère ne pas voir ça !"
    Puis, presque livide, elle fait passer les grains de son chapelet entre ses doigts en murmurant des "Je vous salue Marie".
    Le prêtre, lui, vise très calmement entre le vitrail de Saint Jean Baptiste et celui du Christ Roi, puis entre celui du Christ Roi et celui de Sainte Cécile, et, enfin, entre celui de Sainte Cécile et celui de la Vierge Marie.
    Après que les trois coups de carabine aient retenti et que tous les vitraux aient été évité (un authentique miracle pour la femme du sacristain !), il dit simplement ceci :
    -"Et voilà l'travail ! Pan ! Pan ! Pan ! Plus de ballons blancs !"
        
    Cette histoire fit très vite le tour de la paroisse et fit rire toute la ville. Elle devint même très célèbre, dans notre région. Aujourd'hui encore, beaucoup de gens la connaissent car elle est très souvent racontée à la fin de réunions paroissiales, ou au cours des fêtes de fin d'année.
        
    LES MOINEAUX
        
    Un dimanche matin, quelques minutes à peine avant que la messe commence, une personne appartenant à l'équipe d'animation liturgique fait remarquer au prêtre célébrant que des moineaux ont pour habitude de nicher dans l'église.
    -"Ils font des saletés partout et on n'arrive jamais à les chasser définitivement", dit-elle sur un ton découragé. "On essaye bien de les faire partir, quand on fait le ménage... mais ils finissent toujours par rentrer à nouveau par un endroit ou par un autre".
    Tout en l'écoutant, le prêtre constate avec une certaine tristesse que l'église dans laquelle il va célébrer la messe est loin d'être remplie, et que ce sont toujours les mêmes personnes âgées qui occupent les premiers rangs.
    Puis il se tourne à nouveau vers la personne qui lui parlait et lui dit :
    -"Oh, moi je sais très bien ce qu'il faudrait faire pour éloigner ces moineaux d'ici pour longtemps".
    -"Et quoi donc ?" demande la femme.
    -"Et bien il faudrait leur faire la même chose que l'on fait aux chrétiens : les baptiser et les confirmer. Ensuite, je vous garantis que vous ne seriez pas près de les revoir à l'église !"