• LES RAISONS POUR LESQUELLES LE PAPE JEAN PAUL II N'A JAMAIS CHERCHE A IMPOSER LA RECONNAISSANCE DE MEDJUGORJE

    Article posté sur Pèlerin-info en 2004.
        
    Quand les défenseurs de Medjugorje disent que le pape n'a jamais condamné ces apparitions de la Vierge, les opposants rétorquent habituellement qu'il n'a pas non plus cherché à "forcer" ou à "imposer" leur reconnaissance (ce qui est parfaitement vrai).
    Doit-on en déduire, pour autant, que le Saint Père reste "méfiant" vis à vis de ce sanctuaire, ou bien qu'il ne sait plus trop "quoi en penser" ?
    En tant que défenseur de la Gospa, je voudrais dire qu'à mon sens, le Pape a adopté une position très cohérente et très juste depuis le début de cette affaire.
    Par ailleurs, sa manière d'aborder les choses montre aussi qu'il respecte vraiment Medjugorje.
    Mais voici un peu plus en détail pourquoi...
        
    1-LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITE
        
    Toute hiérarchie, quand elle fonctionne correctement, repose sur le principe dit de "subsidiarité".
    Cela signifie que l'on ne remet jamais à une instance "supérieure" ce qui peut être réglé par une instance "inférieure".
    Exemples :
    a)-S'il y a des problèmes d'ascenseur, dans votre immeuble, ce n'est pas le président de la république qui doit s'en occuper... mais les propriétaires.
    b)-Si vous avez un problème avec un jeune, à l'aumônerie, ce n'est pas l'évêque du diocèse qui doit s'en occuper... mais l'animateur en pastorale scolaire de la paroisse.
        
    Le principe de subsidiarité est très important car il nous dit que le monde dans lequel nous vivons fonctionne un peu comme une "plante" qui grandit normalement, c'est à dire en allant du bas vers le haut (et non pas du haut vers le bas).
    En d'autres termes, il y a comme "une orientation", dans l'univers; et le respect de cette "direction" donnée par Dieu est une chose essentielle à la bonne "respiration" de nos sociétés (on trouve d'ailleurs quelques mots à ce sujet dans l'Ancien Testament; dans le livre de l'Exode, au chapitre 18, versets 13 à 27).
        
    2-UNE ENTORSE AU PRINCIPE DE SUBSIDIARITE : LA GUERRE EN IRAK
        
    Quand une instance "supérieure" décide de tout régler elle-même (en allant donc du haut vers le bas), cela peut créer de gros désordres car l'instance "inférieure" qu'elle tente de "diriger" peut ne pas être prête à accepter les changements qu'elle veut lui imposer.
    Exemples :
    a)-En voulant supprimer le régime de Saddam Hussein sans passer par la voie de la légalité et du droit international, les USA ont créé un Irak sans leader (personne n'était préparé à prendre la relève de l'ancien dictateur), divisé (aucune "révolution interne" n'ayant eu lieu en amont, il y a aujourd'hui des jalousies et de terribles règlements de compte), artificiel (car la population connaît très peu les membres du nouveau "Conseil Irakien").
    b)-De même, en cherchant à transformer des inconnus en "stars" (et ceci avant même qu'il y ait eu les années de travail, la pratique, l'oeuvre du temps, les échecs, l'attente, la maturation...), certaines grandes chaînes de télévision créent elles aussi, à leur façon, des succès "artificiels" qui, soit dit en passant, ne durent généralement pas très longtemps.
    C'est là tout le problème posé par la télé-réalité.
        
    3-UN RESPECT DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITE : MEDJUGORJE
        
    Si Jean Paul II avait cherché à "forcer" la reconnaissance des apparitions de Medjugorje (en nommant un nouvel évêque favorable aux apparitions, par exemple, ou bien en se rendant lui-même sur place avant que les conclusions définitives de la commission d'enquête ne soient connues), il se serait alors produit la même chose qu'en Irak (toute proportions gardées, bien sûr !) :
    a)-l'évêque en place et son équipe auraient été totalement discrédités au yeux des diocésains et des autres évêques.
    b)-les "pro-Medjugorje" auraient été heureux, certes, mais les "anti-Medjugorje", eux, se seraient sentis humiliés et "piqués au vif".
    c)-certains, n'en doutons pas, auraient vite accusé le Pape d'avoir abusé de son autorité, et le diocèse de Mostar se serait inévitablement divisé entre les "pro-Pape" et les "pro-évêque", créant ainsi un "déséquilibre" et des tensions au sein même de la hiérarchie catholique.
    d)-puisque le Pape se serait "ingéré" dans la vie d'un diocèse, alors, dans l'Eglise, certains évêques auraient peut-être eu envie de s'ingérer eux aussi dans la vie des prêtres, et les prêtres dans la vie des fidèles... chacun se débarrassant de ceux qui ne lui plaisent pas et oubliant ainsi qu'un chrétien doit aussi savoir être patient avec ses ennemis.
        
    Bref, si Jean Paul II avait "forcé" les choses, avec Medjugorje, il y aurait eu un très grand risque que l'Eglise toute entière se mette à marcher à l'envers !
    Et cela aurait eu des conséquences très fâcheuses, surtout dans les pays encore instables comme la Bosnie Herzégovine.
       
    4-L'AUTORITE DU PAPE DANS L'EGLISE
        
    Est-ce à dire que le Pape ne peut absolument pas dire quoi que ce soit sur ce qui se passe dans les diocèses ? Non bien sûr !
    Le Pape peut très bien, dans certains cas extrêmes, excommunier un évêque, un prêtre ou un laïc.
    Mais cela, notons-le, ne peut se faire que dans des cas très graves (comme, par exemple, celui d'une négation ou d'un doute obstiné touchant à une vérité doctrinale).
    Et en ce qui concerne les apparitions de la Vierge d'une manière générale, nous ne nous trouvons pas dans un tel cas.
    Le fait de ne pas croire à telle ou telle apparition, en effet, n'implique pas forcément que la personne qui ne croit pas ne soit pas au point au niveau doctrinal (même si c'est très dommage pour elle de ne pas croire).
    C'est pourquoi on ne peut pas condamner (ou "éliminer") quelqu'un sous prétexte qu'il n'est pas convaincu de l'authenticité d'une apparition de la Marie.
        
    Alors, merci à notre cher Pape pour son attitude sage et patiente !
    Merci aussi à lui d'avoir compris que la meilleure arme était de demander à Celui-là même qui est à la fois "au sommet" de la hiérarchie et "au centre" de chacun (c'est à dire : Dieu) de convertir les coeurs, avec le temps.
    Merci enfin à lui pour toutes les "petites phrases officieuses" qu'il a prononcées ici ou là, comme celle-ci par exemple : "Medjugorje, c'est la continuation de Fatima" (dit à monseigneur Hnilica, le 26 mars 1989).