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ON NE PEUT PAS ÊTRE EN MÊME TEMPS CHRETIEN ET FRANC-MACON
La lecture suivie du petit livre de Mgr Dominique Rey "Peut-on être chrétien et franc-maçon ?" (aux éditions Salvator). Des extraits, des résumés, des notes personnelles...
1-DEFINIR LA FRANC-MACONNERIE
Extrait : La franc-maçonnerie se définit elle-même comme une "société initiatique" et une "organisation philanthropique et de recherche philosophique", dont les membres se recrutent par cooptation (ndlr : ce sont les personnes qui sont déjà membres qui appellent de nouveaux membres). Elle se veut universelle, même si les vicissitudes de son histoire, rivalités et schismes internes, l'ont divisée en de multiples obédiences. L'idéologie de la franc-maçonnerie est difficile à cerner, d'une part parce qu'elle cultive le secret, et d'autre part, en raison de son éclatement en divers courants. Elle se fixe comme but de "travailler à l'amélioration matérielle et morale, ainsi qu'au perfectionnement intellectuel et moral de l'humanité".
2-ORIGINES
Résumé : Elle est née en Grande Bretagne au début du XVIIIème siècle. Elle entend conduire ses membres à "l'illumination intérieure". Elle veut introduire "l'ordre et l'unité dans l'être humain", harmoniser celui-ci avec les "lois universelles". Le but est de bâtir le "temple intérieur" (sa propre personnalité) et le "temple extérieur" (humaniser la société).
Les textes de référence ne comportent pas la moindre référence à Dieu et à Jésus-Christ. Ils ne parlent pas non plus de la Trinité, du péché, du salut, de la Résurrection, de l'Esprit Saint...
La franc-maçonnerie est apparue en France en 1725 avec Montesquieu. Parmi ses membres, il y a alors de nombreux opposants à la prééminence du Pape.
Les loges maçonniques ont été le creuset, dans l'esprit des "Lumières" au XIXème siècle, de la laïcité.
3-LA POSITION DE L'EGLISE
Résumé : L'Eglise a souvent condamné la franc-maçonnerie : Clément XII en 1738, Benoït XIV en 1751, Pie VII en 1821, Léon XII en 1825, Pie VIII en 1829, Grégoire XVI en 1832, Pie IX en 1846, Léon XIII en 1892 (Léon XIII a dit dans sa lettre "Custodi di quella fede" : "Rappelons-nous que le christianisme et la franc-maçonnerie sont essentiellement inconciliables, de sorte que s'inscrire à l'une signifie se séparer de l'autre").Extrait : (...) la déclaration romaine de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est sans ambiguïté. Elle date du 26 novembre 1983. Elle a été signée par le Cardinal Ratzinger, préfet de cette Congrégation et approuvée par le Pape Jean-Paul II. Elle dit ceci : "Le jugement négatif de l'Eglise sur les associations maçonniques demeure inchangé dans le nouveau Code de Droit canonique, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Eglise et l'inscription à ces associations reste interdite par l'Eglise..."
4-UN ANCIEN GRAND MAÎTRE DU GRAND ORIENT DE FRANCE RECONNAÎT QUE LA FRANC-MACONNERIE EST INCOMPATIBLE AVEC LE CHRISTIANISMEExtrait : La franc-maçonnerie reconnaît elle-même cette incompatibilité. J'en veux pour preuve ce que dit à ce sujet Paul Gourdeau, ancien Grand Maître du Grand Orient de France : "Ce qu'il est aujourd'hui important de comprendre, c'est que le combat qui se livre actuellement conditionne l'avenir, plus encore le devenir de la société. Il repose sur l'équilibre de deux cultures : l'une fondée sur l'Evangile, l'autre sur la tradition historique d'un humanisme républicain. Et ces deux cultures sont fondamentalement opposées : ou la vérité est révélée et intangible d'un Dieu à l'origine de toutes choses, ou bien la vérité trouve son fondement dans les constructions de l'Homme toujours remises en question parce que perfectibles à l'infini. De cette bataille perpétuelle recommencée avec vigueur depuis quelque temps, Malraux disait hier que le XXIème serait religieux ou ne serait pas. C'est à cette affirmation, c'est à ce défi, qu'il nous appartient de répondre" (Humanisme, n° 193 - oct. 1990). Albert Lantoine qui fut dans le premier quart du XXe siècle, membre du "Suprême Conseil de France de rite écossais" disait : "La franc-maçonnerie est la seule religion humaine".
5-SUR QUOI PORTE LA CONDAMNATION DE L'EGLISE ?Extraits : D'abord sur l'ésotérisme, c'est-à-dire le fait de transmettre la doctrine à un cercle restreint d'initiés. Le goût pour les doctrines secrètes a toujours été perçu comme inconciliable avec l'Evangile. (...) Le christianisme est la Révélation de l'amour de Dieu manifesté en son Fils Jésus-Christ. Il ne voile pas. Au contraire, il dévoile "le mystère qui était caché (...)" (Cf. Col 1, 26-28).
(...) La franc-maçonnerie, qu'elle soit opérative ou spéculative, est de type gnostique (la gnose est une hérésie déjà condamnée par Saint Irénée au IIe siècle et que l'on retrouve dans tous les ordres initiatiques). Elle prétend donner à ses adeptes une formation ésotérique, enseignement secret qui révèlerait le sens caché de l'univers. Tous les rituels font miroiter aux yeux des initiés l'acquisition d'une "Tradition primordiale", et d'une "Lumière" qui, au mieux, est celle de l'intelligence humaine, mais en aucun cas celle de la Transfiguration en Christ.
Le climat "occulte" comporte également pour les inscrits le risque de devenir les instruments de stratégies qu'ils ignorent. Le système symbolique mis en place par les francs-maçons engage profondément l'initié, puisqu'il est tenu au secret absolu.
6-LES POINTS DE DESACCORD MAJEURSDans le chapitre 5 de son livre, Mgr Rey donne quelques points de désaccord majeurs entre le catholicisme et la franc-maçonnerie.
Résumé :
1-La franc-maçonnerie est une philosophie humaniste consacrée à la recherche de la vérité (les francs-maçons croient en un Dieu "grand architecte de l'univers") mais elle estime que la vérité est inaccessible.
2-Les francs-maçons soutenant le primat et l'autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée, les dogmes de l'Eglise (Trinité, Divinité du Christ, Incarnation, Résurrection, Ascension, Immaculée Conception de Marie, Maternité divine, Assomption...) sont rejetés.
3-Pour les francs-maçons, les règles morales sont appelées à évoluer sans cesse sous la pression de l'opinion publique et des progrès de la science. La morale doit évoluer au gré du consensus des sociétés (homosexualité, avortement...). Pour un chrétien, la vérité transcende les cultures et les modes. Jésus est le même hier, aujourd'hui et à jamais.
4-Une insistance sur la tolérance absolue fait que la franc-maçonnerie intègre des chrétiens dans ses loges, mais les communautés religieuses auxquelles ces chrétiens appartiennent sont considérées comme secondaires par rapport à l'appartenance plus englobante et supra confessionnelle de la franc-maçonnerie.
5-Pour les francs-maçons, l'homme n'a pas besoin de salut. Il se perfectionne sans cesse par lui-même. Les francs-maçons comptent essentiellement sur leur pouvoir "auto-créateur" et sur la force de solidarité de leur loge.
6-La franc-maçonnerie refuse tout phénomène surnaturel (apparitions, miracles, théophanie...) considéré comme une intervention divine.
7-L'INTERDICTION DE LA COMMUNION EUCHARISTIQUE
Extrait 1 : Le texte de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, publié par Rome en 1983, déclare sans ambiguïté que "les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques ne peuvent pas accéder à la communion eucharistique" (cf. Annexe 1).
Extrait 2 : A l'intérieur des loges, "les actions rituelles présentent, dans les paroles et les signes, un caractère similaire à la liturgie sacramentelle. Elles donnent l'impression que, par des actions symboliques, est accompli objectivement quelque chose qui transforme l'homme" (cf. Déclaration de l'épiscopat allemand, p. 51). Il existe en effet une vraie liturgie maçonnique autour de rites bien codifiés et scrupuleusement observés. (...) Les rituels contiennent une initiation symbolique de l'homme qui marque son être tout entier. Ils se présentent donc en concurrence avec les sacrements chrétiens.
8-COMMENT SE SITUER PAR RAPPORT A LA FRANC-MACONNERIE ?
Extrait 1 : Mais il ne faut ni exagérer l'influence de la franc-maçonnerie, ni sous-estimer son emprise, ni diaboliser ses membres. Parmi eux, il se trouve beaucoup de personnes intègres, généreuses, qualifiées, attachées au service du bien commun et à un humanisme authentique. Les chrétiens partagent avec eux des valeurs de progrès, d'humanisme, de liberté. Le rappel de l'incompatibilité entre le message évangélique et le discours franc-maçon doit aller de pair avec le profond respect dû aux personnes et à la reconnaissance de valeurs communes.
Extrait 2 : (...) le divorce entre la foi et la raison, dénoncé par le Pape Jean-Paul II dans sa lettre encyclique Fudes et ration (n. 48 - Annexe IV) déporte insidieusement la foi vers un certain piétisme, un sentimentalisme religieux. Livrée à elle-même, la raison n'est plus finalisée par la recherche de la Vérité. Elle se trouve à la merci des idéologies ou des constructions subjectives. L'engagement du chrétien dans la franc-maçonnerie relève, dans bien des cas, d'une méconnaissance de ce lien organique entre foi et raison.