• PRIONS LE SEIGNEUR !

    Un jour, un prêtre fatigué par les soucis de la vie paroissiale décide d'aller faire une retraite d'une semaine dans un monastère situé en haute montagne.
        
    Au moment où il arrive, les moines sont en train de couper de grosses branches à l'aide de scies et de tronçonneuses, et ils les empilent soigneusement dans un hangar.
    Tous s'activent à la tâche.
    Il faut dire que l'hiver est proche.
    Aussi est-il nécessaire se dépêcher de faire des provisions de bois pour alimenter la cheminée de la salle à manger des hôtes (bien que ceux-ci ne soient jamais très nombreux, dans cet endroit très retiré du monde).
        
    Après l'avoir accueilli chaleureusement, le frère hôtelier conduit le prêtre-retraitant dans sa chambre et, peu de temps après s'être allongé sur le lit, ce dernier s'endort profondément malgré le bruit des scies et des tronçonneuses.
    Il faut dire qu'il est très fatigué.
        
    Le lendemain matin, environ une heure avant le début de la messe quotidienne, le prieur du monastère (c'est à dire le père abbé) vient trouver le prêtre et lui demande s'il accepte de célébrer l'eucharistie pour la communauté.
    -"Ca nous permet de voir de nouvelles têtes", lui dit-il. "Ici, vous savez, ce sont toujours les mêmes moines qui célèbrent".
    Le prêtre accepte et se fait conduire vers la sacristie.
        
    En chemin, le prieur lui parle longuement (peut-être un peu trop !) des problèmes de la communauté : la vie en montagne, la difficulté (parfois) à vivre retiré du monde, le petit nombre de retraitants qui viennent chaque année, le vieillissement des frères, le manque cruel de vocations...
    ...tant et si bien que notre cher prêtre a l'impression qu'il retrouve les mêmes problèmes que dans sa paroisse !
    Et cela l'agace profondément.
        
    On ne sait pas si c'est cet agacement (ou bien si c'est "le bruit des scies et des tronçonneuses" de la veille, ou encore "la fatigue") qui est à l'origine du "lapsus linguae" suivant... peut-être est-ce un peu les trois...
    Toujours est-il que pendant la messe, après la demande de pardon, au moment de lire l'oraison et de dire : "Prions le Seigneur", notre cher prêtre dit la chose suivante :
    "Scions le prieur !"