• QUE PEUT-ON REPONDRE A UNE PERSONNE QUI DIT NE PAS TROUVER DANS LES EVANGILES UNE PHRASE QUI AFFIRME DE MANIERE TRES CLAIRE QUE JESUS EST DIEU ?

    1-JESUS NE SE MET PAS EN AVANT
        
    Il y a une chose qui est très étonnante, dans la vie de Jésus.
    Cette chose, ce qu'il a vécu une vie très simple et très pauvre.
    Il est né dans une mangeoire au milieu de la nuit, il est mort sur une croix au milieu du jour, il n'a jamais eu aucune responsabilité politique…
    Oui, la grande surprise de l'Incarnation c'est assurément que le Christ s'est fait petit. Petit jusqu'à s'identifier au plus souffrant, au plus meurtri, au plus rejeté des hommes.
    C'est d'ailleurs là, soit dit en passant, ce qui explique que de nombreux juifs de l'époque n'aient pas pu (ou pas voulu) reconnaître en lui le Messie attendu depuis des siècles.
    Jésus les a surpris par son humilité.
    L'Amour, en effet, est discret. Il ne s'impose pas, il ne chasse pas l'occupant par la force, il ne cherche pas à "briller" dans les hautes sphères de la société… et cela, bien entendu, ne va pas du tout dans le sens du monde dans lequel nous vivons.
    Or, il me semble que c'est là ce qui explique (en partie, du moins) que les évangiles ne nous rapportent pas de phrases du Christ du type : "Moi, Jésus, je suis Dieu. Je vous le dit clairement à tous : je suis de nature divine. Vous me devez respect et adoration. Agenouillez-vous devant moi. Faites silence et contemplez moi".
    Non, on imagine mal Jésus en train de dire cela aux gens qu'il a rencontrés au cours de sa vie publique (même si ces choses, en elles-mêmes, auraient été parfaitement vraies).
    Jésus est venu d'abord et avant tout pour servir et non pas pour être servi.
    Il ne s'est jamais mis en avant.
    On pourrait même dire qu'il a fait exactement l'inverse puisqu'il lui est fréquemment arrivé, après avoir opéré des guérisons miraculeuses, de demander aux gens qu'il avait guéri de ne pas dire aux autres qu'il était le Messie.
    C'est ce que l'on appelle le secret messianique.
    Non, vraiment il ne faut pas s'attendre à trouver dans les évangiles des passages où Jésus mette en avant sa supériorité.
        
    2-JESUS NOUS FAIT COMPRENDRE LES CHOSES PEU A PEU
        
    Le fait que Jésus ne dise pas de manière claire et nette "Je suis Dieu, adorez-moi" ne doit pas nous conduire à penser que sa divinité est une "invention de l'Eglise" ou, si vous préférez, une sorte de "métaphore" venant du Magistère destinée à nous faire comprendre qu'il est un personnage important de l'histoire du salut.
    En fait, sa divinité apparaît de manière implicite quand on lit les évangiles.
    On peut trouver au moins trois cas (je précise, au passage, que ces trois points ne sont que des exemples parmi d'autres. Ils me sont venus spontanément à l'esprit en réfléchissant à cette question, mais ils ne sont pas les seuls) :
        
    -Le premier concerne la conception même de Jésus.
    Marie, nous le savons, a donné naissance à son Fils sans qu'elle ait eu de relations physiques avec un homme.
    Or, ce prodige ne peut pas s'expliquer autrement que par le fait que Dieu Lui-même est à l'origine de la conception.
    Et Dieu étant à l'origine, l'enfant est obligatoirement de nature divine lui aussi.
    C'est là, semble-t-il, une question de logique.
    -Le second point concerne le baptême de Jésus.
    Après que le Christ ait été plongé dans le Jourdain par Jean Baptiste, en effet, une voix est descendue du ciel en disant : "Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré" (Luc 3, 22).
    Cette voix, bien sûr, c'est celle du Père. Le fait qu'elle se soit fait entendre atteste donc de manière très claire que Jésus est bien le Fils de Dieu.
    A noter, également, que cette même voix a retenti au moment de la Transfiguration ainsi que sur le chemin de Jérusalem.
    -Enfin, on pourrait noter un troisième point : l'épisode où Jésus est devant le Sanhédrin (qui est une sorte de "Conférence Episcopale" des rabbins de l'époque).
    A un moment donné, le Grand prêtre lui demande (voir Marc 14, 61) : "Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ?
    Jésus répond alors sans ambages : "Je le suis, et vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite du Tout-Puissant et venant avec les nuées du ciel".
    Là encore, cet épisode semble bien attester que Jésus est le Fils de Dieu, c'est-à-dire Dieu par nature.
        
    3-L'IMPORTANCE DE LA SAINTE TRADITION
        
    Comme nous le voyons, les choses ne sont pas simples en matière d'interprétation des Ecritures.
    Et nous aurions pu prendre aussi le cas de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie qui, bien que n'étant signalé nulle part dans les évangiles, est une vérité de foi.
    Cette difficulté d'interpréter les textes sacrés est sans aucun doute ce qui explique que la religion catholique attache une si grande importance à ce que l'on appelle la Sainte Tradition.
    Sur ce point, il peut être intéressant de lire, ou de relire, les articles 80, 81 et 82 du Catéchisme de l'Eglise Catholique concernant les rapports entre la Sainte Tradition et les Saintes Ecritures :
        
    -Article 80 : "Elles sont reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux jaillissent d'une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu'un tout et tendent à une même fin". L'une et l'autre rendent présent et fécond dans l'Eglise le mystère du Christ qui a promis de demeurer avec les siens "pour toujours, jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20).
    -Article 81 : "La Sainte Ecriture est la parole de Dieu en tant que, sous l'inspiration de l'Esprit divin, elle est consignée par écrit". "Quand à la Sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu, confiée par le Christ Seigneur et par l'Esprit Saint aux apôtres, et le transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l'esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l'exposent et la répandent avec fidélité".
    -Article 82 : Il en résulte que l'Eglise à laquelle est confiée la transmission et l'interprétation de la Révélation, "ne tire pas de la seule Ecriture Sainte sa certitude sur tous les points de la révélation. C'est pourquoi l'une et l'autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d'amour et de respect".
        
    Voilà, je pense, ce que l'on pouvait dire sur la manière dont l'Eglise catholique parvient à avancer dans la compréhension de cet immense mystère qu'est la foi.