• Afin de ne pas trop surcharger cet article (le sujet abordé, en effet, est très riche), voici simplement 10 points importants pour essayer de synthétiser au mieux ce que nous dit le Magistère sur la délicate question de la résurrection des corps. Allons-y ! (article publié pour la première fois le 1er décembre 2005)
        
    1-L'enseignement de l'Eglise sur la Vie après la vie se résume à deux choses essentielles :
    a)-L'âme et le corps, qui se séparent au moment de la mort (le corps retourne en poussière tandis que l'âme immortelle monte auprès de Dieu), sont appelés à être réunifiés un jour.
    b)-L'homme réunifié est appelé à être jugé par Dieu et à aller soit au Paradis, soit au Purgatoire, soit en Enfer.
        
    2-Quand elle parle de ces deux événements (la réunification de l'âme et du corps, et le jugement de Dieu), l'Eglise les renvoie "à la fin du monde", c'est à dire au jour où le Christ reviendra sur Terre (lors de son second avènement).
    a)-Paragraphe 1001 du Catéchisme de l'Eglise Catholique : Quand les morts ressusciteront-ils ? "(...) Définitivement au dernier jour (Jn 6, 39-40. 44. 54; 11, 24); "à la fin du monde". En effet, la résurrection des morts est intimement associée à la Parousie du Christ (...)".
    b)-Paragraphe 1039 du CEC : Quand le jugement aura-t-il lieu ? "La résurrection de tous les morts, "des justes et des pécheurs" (Ac 24, 15), précédera le Jugement dernier".
        
    3-Cela étant, il est important de signaler aussi que l'Eglise reconnaît l'existence d'un "jugement particulier" survenant au moment même de la mort d'une personne.
    a)-Paragraphe 1022 du CEC : "Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la Béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement et pour toujours".
    C’est là un point très important à connaître.
        
    4-Si l'Eglise reconnaît l'existence d’un "jugement particulier" dès la mort, elle ne nous parle pas d'une "réunification particulière" (si l'on peut dire) qui précéderait ce "jugement particulier". Autrement dit, elle croit fermement que seul le jugement est "anticipé", et pas la résurrection en elle-même. Pour le Magistère, la réunification de l'âme et du corps aura bel et bien lieu à la fin du monde. En attendant ce jour, seul le composé spirituel de l'homme (c'est à dire l'âme) demeure, dans l'Au-delà.
        
    5-Cette conviction que la réunification de l'âme et du corps n'a pas lieu au moment même de la mort pose des problèmes à certains théologiens:
    a)-Pourquoi les voyants qui ont été gratifiés de visions de l'Au-delà (à Fatima ou à Medjugorje, par exemple) ont-ils vu des gens "entiers" (c'est à dire ayant une âme et un corps) au Paradis ou en Enfer ?
    b)-Comment Elie et Moïse ont-ils pu apparaître à Jésus avec un corps, lors de l'épisode de la Transfiguration sur le mont Tabor, alors qu'ils étaient morts depuis longtemps (Mc 9, 2-10) ?
    c)-Dans la parabole de l'homme riche et de Lazare (Luc 16, 19), pourquoi Jésus fait-il dire à l'homme riche (qui vient de mourir) : "Abraham, mon père, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l'eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre le supplice dans ses flammes".
    Comment peut-il être question d'un "doigt" et d'une "langue" si les défunts n'ont pas de corps ?

        
    6-Depuis des années, un fort courant de pensée affirmant que la réunification de l'âme et du corps se fait juste après la mort (et non pas à la fin des temps) s'est développé dans l'Eglise. Sœur Jeanne d'Arc (une spirituelle connue qui, comme le Magistère, défend l'idée de la résurrection finale) constate que ce courant est devenu puissant (se reporter ici à la page 121 de son livre : "Mort, immortalité, résurrection", aux éditions Desclée de Brouwer).
        
    7-A titre personnel, je pense qu'il n'y a absolument pas de contradiction entre le fait que des défunts puissent ne pas avoir de corps (pas avant le temps de la résurrection finale, du moins) et le fait qu'ils puissent apparaître malgré tout avec un corps (lors de phénomènes mystiques, par exemple). Voici pourquoi :
    a)-Un corps peut parfaitement être visible sans être matériel. C'est là un point très important. En effet, les anges sont des créatures purement spirituelles (voir les paragraphes 328 et 330 du CEC) et cela ne les empêche pas d'être visibles par les hommes (la Vierge Marie a bien vu l'ange Gabriel avec un "corps", lors de l'Annonciation, et ceci en dépit du fait que sa nature d'ange faisait qu'il n'y avait pas d'élément matériel en lui).
    b)-Dieu peut donc très bien permettre que les défunts aient un corps "spirituel" après leur mort (selon la belle expression du père François Varillon) tout en réservant la résurrection de la chair pour la fin des temps. Cela ne me paraît pas du tout incohérent.
        


        
    8-Pour illustrer le point 7, voici un extrait de "L'évangile tel qu'il m'a été révélé", de la célèbre mystique italienne Maria Valtorta. Dans cet extrait, Maria Valtorta décrit l'ange Gabriel au moment de l'Annonciation (Tome 1, chapitre 23) :
    "Il doit nécessairement prendre un aspect humain. Mais cet aspect transcende l'humain. De quelle chair est formée cette figure très belle et fulgurante ? De quelle substance Dieu l'a-t-elle matérialisée pour la rendre sensible aux sens de la Vierge ? Seul Dieu peut posséder ces substances et s'en servir si parfaitement. C'est un visage, c'est un corps, ce sont des yeux, une bouche, des cheveux et des mains comme les nôtres, mais ce n'est pas notre opaque matière. C'est une lumière qui a pris la couleur de la chair, des yeux, de la chevelure, des lèvres, une lumière qui se meut et sourit, regarde et parle".
         


        
    9-Pour illustrer le point 7, voici un second extrait de "L'évangile tel qu'il m'a été révélé". Dans ce deuxième extrait, Jésus parle du jour où il ouvrira les portes du Ciel, juste après sa mort, et où les défunts pourront entrer au Paradis (Tome 7, chapitre 231, page 526) :
    "L'humanité qui nous a précédés et qui fut juste retournera à l'endroit qui lui était destiné, avec en tête le Premier-né, déjà complet en sa chair et en son esprit, et avec ses frères dans le vêtement de lumière qu'ils auront jusqu'au moment où leurs chairs aussi seront appelées à la jubilation".
    Note : dans cet extrait, on peut tout à fait penser que Jésus fait allusion au corps quand il parle d'un "vêtement de lumière". En effet, dans un chapitre précédent, il avait dit (et ce au cours d'un discours sur la chasteté) : "La jouissance des âmes victimes est toute entière dans l'esprit, et si elles revêtent une chair, elle n'est pas plus qu'un vêtement. Penses-tu que les habits que nous revêtons aient des sentiments ? Il en est de même de la chair pour ceux qui vivent de l'esprit : un vêtement, rien de plus" (Tome 7, chapitre 214, page 382).
             


        
    10-Pour illustrer le point 7, on pourrait ajouter également cet extrait du célèbre livre : "Récits d'un pèlerin russe" (deuxième récit) :
    "Lorsque les esprits apparaissent sous une forme corporelle, ils empruntent à l'air et à l'éther un corps palpable, qu'ils rendent ensuite de nouveau aux éléments. Et de même que l'air possède une force de tension, qui lui permet d'avancer et de reculer, l'âme, revêtue de cette force, peut aussi faire différentes choses".
        


        
    Voilà, j'espère que ce message aura permis à certains d'y voir un peu plus clair !


  • Quand l'Eglise a une attitude positive face à une apparition, il y a plusieurs manières pour elle de se situer. On croit en général qu'il faut une déclaration solennelle d'authenticité mais ce n'est pas tout à fait exact. L'évêque peut s'engager autrement.
        
    1- Ainsi il y a eu dans le passé un grand nombre de sanctuaires d'apparition qui n'ont jamais fait l'objet d'une reconnaissance en règle sous la forme d'une déclaration solennelle.
    Cependant, l'Eglise les a favorisés. On y organise des pèlerinages, des évêques ou des responsables ecclésiaux y viennent.
    C'est le cas de beaucoup de nos sanctuaires de pèlerinages locaux.
        
    2- Il est arrivé qu'une apparition soit indirectement reconnue, ou du moins que le sanctuaire soit favorisé de manière indirecte.
    Ainsi, dans le cas de la Médaille Miraculeuse de la rue du Bac, l'apparition de la Vierge à Sainte Catherine Labouré n'a jamais été reconnue formellement.
    Ce qui a été autorisé, c'est la frappe de la médaille.
    En 1894, le Saint Siège autorisa même l'instauration d'une fête liturgique de l'apparition de la Médaille Miraculeuse, le 27 novembre. En outre, la voyante a elle-même été canonisée.
    A Pellevoisin, où l'itinéraire juridique a été très difficile, le miracle de la guérison d'Estelle Faguette a été reconnu en 1983.
    Cependant, les apparitions en tant que telles n'ont pas été non plus reconnues, même si Pellevoisin est un lieu de prière connu.
        
    3- Enfin, il y a les reconnaissances directes, comme dans le cas de Lourdes. Les critères ont été fixés par Benoît XIV au XVIIIème siècle mais en fait ils étaient déjà traditionnels.
        
    a)-On examine d'abord les voyants au regard d'une saine psychologie. On a énuméré pas moins de 19 signes qui peuvent rendre suspect des voyants !
    b)-On examine naturellement le contenu de l'apparition. S'il y a quelque chose de contraire à la foi et aux mœurs, quelque chose de simplement ridicule ou qui sent la fausse mystique ou la suggestion, on est sûr d'un jugement négatif.
    c)-On examine aussi la nature de l'apparition : la manière dont elle se présente.
    d)-On examine enfin la finalité de l'apparition, ce qui pose le problème de son opportunité.
        
    Normalement, une commission est désignée. Elle donne un avis, et l'évêque du lieu (ou parfois le Saint Siège) émet enfin un jugement.
    Les miracles produits sur le lieu, les fruits spirituels constatés, sont des critères, mais non absolus.
    Enfin, il faut se rappeler que, même quand l'Eglise reconnaît une apparition, elle ne reconnaît pas les paroles de la Vierge comme exactes dans le détail des mots.


  • Au cours de son pontificat, le Pape Jean Paul II a toujours gardé des contacts étroits avec certains de ses compatriotes. C'est notamment le cas avec Marek et Zofia Skmarnicki, qui ont souvent eu l'occasion de collaborer avec lui alors quand il était archevêque de Cracovie (Marek est un célèbre poète polonais). Dans 4 lettres qu'il leur a envoyées, le Pape exprime de manière très claire son attachement à Medjugorje. Ces lettres font l'objet d'un livre publié en Pologne en octobre 2005, mais des extraits ont été publiés dans différentes revues dès le printemps 2005, notamment dans le bulletin de liaison des "Enfants de Medjugorje" n°73.
        
        
    EXTRAIT DE LA PREMIERE LETTRE :
        
    Cher monsieur, (…) Et que tout se passe bien sur la route Medjugorje-Rome. Avec ma cordiale bénédiction. Jean Paul II, Vatican, le 30 mars 1991.
        
    EXTRAIT DE LA DEUXIEME LETTRE :
        
    Cher monsieur Marek ! (…) Et maintenant, retournons chaque jour à Medjugorje par la prière. Jean Paul II, Vatican, le 28 mai 1992.
        
    EXTRAIT DE LA TROISIEME LETTRE :
        
    "(…) Madame Zofia, je vous remercie pour tout ce qui concerne Medjugorje. Moi aussi, je me rends en pèlerinage là-bas, dans ma prière : je me joins spirituellement à tous ceux qui prient là-bas, ou qui, de là-bas, se sentent appelés à prier. Aujourd'hui nous comprenons mieux cet appel. Je me réjouis du fait que notre temps ne manque pas d'hommes de prière et d'apôtres (…). Jean Paul II, le 8 décembre 1992.
        
    EXTRAIT DE LA QUATRIEME LETTRE :
        
    Vatican, le 25 février 1994. Chers monsieur et madame ! Je vous remercie beaucoup pour vos deux lettres. Zofia m'a écrit à propos des Balkans. Maintenant, on comprend sans doute mieux Medjugorje. Cette sorte d'insistance de la Mère de Dieu se comprend d'autant mieux que nous avons devant nos propres yeux de grandes menaces. En même temps, la réponse par la prière – et cela de la part de personnes du monde entier – nous remplit de l'espoir que, là-bas aussi, le bien vaincra. La paix est possible – telle était l'esprit qui animait la 23ème journée de prière préparée par une session spéciale au Vatican, à laquelle T. Mazowiecki assista lui aussi. C'est peut-être grâce à cela aussi que l'Europe revient à elle. En Pologne aussi les gens se réveillent, d'après ce que vous m'écrivez. Peut-être qu'ils auront plus de facilité à être en accord avec le pape qui n'a pas prêché la "victoire de la démocratie", mais qui a rappelé le Décalogue (…). Avec bénédictions, Jean Paul II.