• Deux choses vont permettre à l'Eglise de se libérer progressivement du système féodal (quoique pas complètement) : les ordres monastiques et la réforme grégorienne.
    Si vous le voulez bien, commençons avec le premier point.
        
    1-Il faut savoir que l'Eglise du moyen-âge ne se limite pas seulement au "clergé séculier" (les prêtres diocésains) mais qu'il existe aussi un "clergé régulier" (des moines et des moniales).
    L'avantage du "clergé régulier", qui s'est constitué au fil des siècles, est double :
    a)-les moines étant souvent plus retirés du monde, ils sont plus à même d'avoir du recul par rapport aux problèmes de leur temps, de porter les difficultés de l'Eglise dans leurs prières, de générer des réformes et, ainsi, de réorienter le peuple de Dieu dans la bonne direction.
    b)-les moines étant également en lien étroit avec les populations locales (ils inventent et transmettent des techniques pour améliorer le rendement des terres, la qualité du blé, la conservation des aliments...), il leur est possible de diffuser leurs idées réformatrices dans la société.
        
    2-Il est vrai que de nombreux abbés (et abbesses) du moyen-âge sont nommés par les seigneurs.
    Toutefois, un phénomène nouveau et très important se produit au XIe siècle : certains ordres deviennent très puissants (donc plus indépendants) et s'organisent en véritables groupements comptant parfois plus d'un millier de monastères à travers l'Europe (ainsi que des dizaines de milliers de membres).
    Parmi eux :
    a)-Cluny (c'est de là que part le souffle réformateur. La spiritualité y est très priante et très fidèle à l'esprit de l'évangile.
    Beaucoup de saints et plusieurs papes sont issus de cet ordre).
    b)-Cîteaux (c'est un ordre assez austère qui, lui aussi, donne de grands hommes. Saint Bernard est un exemple connu).
    c)-Les Prémontrés (ce sont des chanoines réguliers - c'est à dire des prêtres vivants ensemble - qui encadrent et évangélisent surtout les campagnes.
    Ils créent des paroisses modèles partout où ils passent).
    d)-Les Chartreux (cet ordre, encore plus austère que Cîteaux, est très contemplatif).
    e)-Il existe aussi de nombreux groupements locaux tels : les Camaldules, la Chaise-Dieu...
    Cette période, nous pouvons le noter au passage, marque le début de l'art roman.
        
    3-Dans le prolongement de la naissance de ces grands groupements, on assiste également à un véritable essaimage de congrégations nouvelles (XIIIe siècle).
    Ces ordres nouveaux deviennent eux aussi très vite des groupements (répartis en provinces, avec des responsables provinciaux, etc...). Parmi eux :
    a)-Des ordres mendiants : les Dominicains (ils insistent beaucoup sur l'éducation des populations), les Franciscains (ils remettent l'évangile et la pauvreté au centre de la vie chrétienne), les Carmes (ils sont très contemplatifs), les Augustins...
    b)-Des ordres militaires qui défendent la Terre Sainte : les Templiers (cet ordre sera supprimé par la suite), les Chevaliers de Malte, les Chevaliers Teutoniques...
        
    4-Un courant réformateur extrêmement puissant naît de tous ces ordres.
    Les membres (qui sont souvent des laïcs appartenant à des tiers-ordres créés par les diverses familles religieuses) ont un impact gigantesque sur l'Eglise.
    Sous leur influence, des idées nouvelles (et, surtout, beaucoup plus conformes à la volonté de Dieu) se diffusent. Les choses commencent à changer. Le peuple chrétien retrouve peu à peu le sens de l'évangile.
        
    (à suivre)


  • 1-Jusqu'au Ve siècle, l'Empire romain est si vaste qu'il est dirigé depuis deux pôles forts : Rome (l'Empire d'Occident) et Constantinople, en Turquie (l'Empire d'Orient).
    En 406, la partie occidentale tombe aux mains de tribus barbares : ce sont les grandes invasions (qui marquent le début du moyen-âge).
    Les Huns, les Wisigoths, les Ostrogoths, les Vandales, les Alamandes, les Francs... pénètrent dans l'Empire et leurs rois donnent les territoires conquis aux plus braves de leurs soldats (qui deviennent alors des seigneurs en échange d'un serment d'allégeance).
        
    2-Les invasions plongent l'Europe dans le cahot : l'autorité romaine n'existe plus, les tribus barbares sont toujours en guerre les unes contre les autres, il y a souvent des problèmes de succession à la mort des rois barbares (des contestations, des divisions...), les conflits sont fréquents entre les rois et les seigneurs (concurrences, jalousies...).
    Peu à peu, on assiste même à des rivalités à l'échelle des "pays naissants"; puis, progressivement, de grandes menaces extérieures viennent peser sur ce monde encore très fragile : l'avancée de l'Islam au Sud (à partir du 7e siècle), l'avancée des normands (au Nord) et des hongrois (à l'Est)...
    Tout est très instable même s'il est vrai qu'une évolution réelle se fait, avec le temps.
        
    3-A la chute de la partie occidentale de l'Empire romain, l'Eglise joue un très grand rôle car elle est la seule institution à avoir des structures stables : les évêchés (les évêques sont les "protecteurs de la cité"), les paroisses, les monastères...
    De plus, l'Eglise transmet un art de vivre et une culture qui sont autant de "repères" pour les gens (beaucoup affirment aujourd'hui qu'elle a sauvé l'Europe, à cette époque).
    Il faut donc compter avec elle si on veut installer un pouvoir durable.
        
    Les rapports qu'elle entretient avec les nouvelles autorités se résument en deux points :
    A-Tout d'abord, l'Eglise pèse beaucoup sur l'évolution des choses.
    a)-en 496, grâce à l'influence de Sainte Geneviève, Sainte Clotilde et Saint Rémi, Clovis (le roi des francs) se fait baptiser.
    La France devient alors le premier royaume catholique occidental (la "fille aînée de l'Eglise").
    b)-en 732, pour protéger le christianisme, Charles Martel stoppe les musulmans à Poitier.
    c)-en 768, Charlemagne devient une grande figure de son temps : il veille sur le développement de la foi, promeut l'art dans les monastères, anime une véritable renaissance culturelle...
    Il s'emploie aussi à reconstituer l'Empire Romain (en 800, il est même couronné empereur par le Pape Léon III) mais, après sa mort, ses héritiers se divisent et le rêve d'unité s'effondre.
    L'Europe se morcelle à nouveau en petits royaumes.
    d)-En 987, Hugues Capet, qui est duc d'Ile de France, inaugure une longue dynastie qui donnera à notre pays des personnages importants : Saint Louis (XIIIe), Charles VII (XVe) que Jeanne d'Arc remettra sur le trône pour en faire "le lieutenant de Dieu"...
    L'Eglise, nous le voyons, fait donc "émerger" des dirigeants chrétiens.
        
    B-Toutefois, si l'Eglise influence la société, la société influence elle aussi l'Eglise ! Et pas forcément dans le bon sens !
    Voici pourquoi :
    Les menaces et l'instabilité ambiantes font que les domaines seigneuriaux prennent de l'importance, au fil des siècles.
    En effet, ils sont comme des "cellules de défense" dans lesquelles les populations se sentent protégées.
    Les seigneurs, dont le pouvoir devient héréditaire au IXe siècle, confient des terres à des vassaux (qui deviennent alors ducs, marquis, comtes, barons...), et, au Xe siècle, le système féodal est en place (ce sont les seigneurs qui régissent l'ordre politique et social).
    Le problème est qu'en "s'appuyant" sur la stabilité de l'Eglise, les seigneurs ne sont pas loin de "l'engloutir" : ils mettent progressivement la main sur les cures, les monastères, les terres du clergé...; ils nomment peu à peu les prêtres et les évêques, ainsi que les abbés et les abbesses (souvent leurs propres enfants !); les prêtres (trop liés au "monde") en viennent à se marier et à se transmettre le sacerdoce "de père en fils"; les puissants peuvent acheter des diocèses ou des paroisses; les Papes sont en conflit quasi-permanents avec les autorités...
        
    Bref, l'Eglise est presque "avalée" par le système féodal.
    Au Xe siècle, la papauté s'écroule elle aussi, et ceci à cause d'une succession de très mauvais papes (certains meurent noyés, d'autres empoisonnés ou étouffés sous des oreillers).
    C'est une période extrêmement difficile pour le christianisme. La crise est très profonde.
    Pourtant, à partir du XIe siècle, les choses commencent à changer.
        
    (à suivre)


  • Entre la Pentecôte (33) et l'édit de Milan (313), qui accorde la liberté de culte aux chrétiens, il y a dix grandes persécutions.
    Elles sont la conséquence de trois choses :
    a)-les chrétiens disent que leur religion s'adresse à tous les hommes (y compris les romains).
    b)-les chrétiens refusent d'adorer l'Empereur romain comme s'il était un Dieu.
    c)-les chrétiens rejettent les "dieux" romains.
        
    1-LA PREMIERE PERSECUTION (ordonnée par Néron) : 64-68.
    Le 18 juillet 64, un terrible incendie détruit les 2/3 de Rome pendant 6 jours. On accuse les chrétiens de l'avoir allumé : on les livre en pâture aux bêtes féroces, on les crucifie, on les écorche vifs, on les enduit de poix (mélange de résines et de goudrons végétaux) pour les faire brûler comme des torches, la nuit, dans les jardins de l'Empereur.
    Saint Pierre est crucifié sur la colline du Vatican et Saint Paul est décapité sur la route d'Ostie (un port de Rome), au lieu-dit "les trois fontaines" (tous les historiens ne sont pas d'accord sur ce point).
        
    2-LA SECONDE PERSECUTION (ordonnée par Domitien) : 94-96.
    Il y a plus de 2000 victimes.
    La tradition dit que l'apôtre Saint Jean a été plongé dans un chaudron d'huile bouillante.
        
    3-LA TROISIEME PERSECUTION (ordonnée par Trajan) : 98-117.
    Elle est moins cruelle que les deux précédentes.
        
    4-LA QUATRIEME PERSECUTION (ordonnée par Hadrien) : 118-129.
        
    5-LA CINQUIEME PERSECUTION (ordonnée par Marc-Aurèle) : 161-178.
        
    6-LA SIXIEME PERSECUTION (ordonnée par Septime-Sévère) : 200-211.
    Elle n'est pas très sanglante mais on essaye surtout de discréditer les chrétiens en disant qu'ils mangent de la chair et boivent du sang (cf. les paroles de Jésus à la cène).
    De plus, on punit les évêques et les prêtres et on prend des mesures contre le prosélytisme.
        
    7-LA SEPTIEME PERSECUTION (ordonnée par Maximin) : 235-237.
    Mêmes techniques que pour la précédente persécution.
        
    8-LA HUITIEME PERSECUTION (ordonnée par Décius) : 249-251.
    C'est une persécution très dure. Il y a plus de 3000 morts.
    De nombreux magistrats romains demandent que l'on soigne les plaies des blessés pour les rouvrir ensuite, par raffinement de cruauté.
        
    9-LA NEUVIEME PERSECUTION (ordonnée par Valérien) : 257-259.
    On interdit aux chrétiens de se réunir, sous peine de mort. On les classe en 4 catégories :
    a)-les ministres ordonnés (ils doivent être exécutés sur le champ).
    b)-les sénateurs et les chevaliers (on leur confisque leurs biens).
    c)-les femmes mariées et les mères de famille (on leur confisque leurs biens à elles aussi, et on les envoie en exil).
    d)-les membres du personnel du palais (ils sont également dépossédés, et astreints à travailler enchaînés).
        
    10-LA DIXIEME PERSECUTION (ordonnée par Dioclétien et Maximin) : 303-310.
    Dioclétien veut arracher à tout jamais "la dangereuse plante du christianisme" qu'il tient responsable de la ruine de l'Empire Romain (qui vient en fait de la mauvaise qualité des dirigeants et des menaces barbares).
    C'est la période de "l'ère des martyrs" : plus de 20 000 victimes.
    >En 313, l'édit de Milan accorde aux chrétiens la liberté de culte.
    >En 380, Théodose proclame le christianisme religion officielle de l'Empire.
    >En tout et pour tout : 77 années de persécutions.


  • 1-Au début de notre ère, les romains ont un très grand dynamisme administratif et militaire.
    Ils parviennent à dominer et à unifier tout le bassin méditerranéen (l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord).
    L'Empire vit alors dans la paix et possède de nombreuses voies de communication (terrestres et maritimes).
    Par la suite, cela facilitera la propagation du christianisme.
        
    2-Au niveau spirituel, le début du 1er siècle est un temps de recherche. C'est comme si on attendait "quelque chose".
    Les gens aspirent à une vie nouvelle (moins politisée et moins hiérarchisée); aussi l'Empire est-il envahi par les religions égyptiennes et proche-orientales.
    Il y a également beaucoup de mal, dans la vie quotidienne (débauche, sexe, magie...), de même que des faux messies (on sait, en effet, grâce aux juifs, qu'un Sauveur doit venir).
        
    3-A Jérusalem, après la résurrection de Jésus, se trouve un "noyau" de croyants : les apôtres et la Vierge Marie.
    Après la Pentecôte (qui est un véritable "Big Bang" religieux), la foi chrétienne se propage très rapidement dans l'Empire.
    Cette dernière rencontre vite du succès pour diverses raisons : les païens ont l'impression de sortir du flou et certains juifs se sentent libérés de la loi; beaucoup de personnes sentent aussi que la vérité est là, que tout prend soudainement un sens, que Dieu est réellement proche...
        
    4-Les 3 choses qui attirent le plus les gens au christianisme sont les suivantes :
    a)-les chrétiens ont des rapports basés sur l'AMOUR (dans l'Empire, la relation maître-esclave est très importante. Un esclave est une "chose" et il ne peut pas se marier).
    b)-certaines chrétiennes deviennent des VIERGES CONSACREES.
    Or, en ce temps-là, cela n'existe pas.
    Ce nouvel état de vie fait donc beaucoup réfléchir (on se dit que Dieu doit exister pour que des femmes acceptent de tout quitter pour Lui).
    c)-les premiers MARTYRS marquent beaucoup les esprits, eux aussi, par leur courage et par la radicalité du don de leur personne.
    L'impact qu'ils ont sur les gens est énorme.
        
    5-En dépit du fait que les chrétiens rencontrent du succès auprès des populations, il y a très vite des persécutions organisées par ceux qui pensent que leur foi représente une "menace".
    En 63, à Rome (sous Néron), c'est la première persécution. L'oppression n'est pas continue et elle n'est pas présente sur tout l'Empire en même temps, mais c'est quand même très dur.
    En 275, alors que l'Empire est menacé par les invasions, Rome "serre les vis" et adopte la "religion de Mithra" (une religion orientale). Quiconque n'y adhère pas est déclaré "ennemi de l'Empereur".
    Cependant, plus les chrétiens meurent martyrs, plus les gens sont attirer par leurs idées.
    Les persécutions sont donc un échec total.
        
    6-En 313, après s'être emparé de Rome en écrasant Maxence, Constantin signe la paix avec les chrétiens (c'est l'édit de Milan).
    Protéger les chrétiens est une nécessité politique, pour lui, car ces derniers représentent 1/4 de la population de l'Empire
    Dès lors que les persécutions sont interdites, le christianisme prend vraiment de l'ampleur dans tout l'Empire romain (mais il n'est pas la religion impériale) : apparition des symboles chrétiens sur les monnaies (315), construction de l'église Saint Pierre de Rome et Saint Paul hors-les-murs, accession des chrétiens aux plus hautes charges de l'état, le dimanche devient un jour férié (325), on prend des mesures pour les esclaves et les prisonniers, on sanctionne l'adultère, le rapt, on interdit l'abandon des nouveaux nés et les combats de gladiateurs (434)...
        
    7-A la fin du IVe siècle, le christianisme devient une véritable religion de masse : des diocèses sont déjà formés, la théologie est mise en place par des saints comme Athanase ou Augustin, l'Eglise commence à passer en dehors des frontières de l'Empire (en Perse, en Arménie, dans le Caucase, en Arabie, en Ethiopie, en Irlande, en Ecosse...). Bref, la grande aventure commence !
        
    (à suivre)


  • LETTRE A DIOGNETE" (second texte de l'Office des Lectures / le mercredi de la cinquième semaine de Pâques).
        
    En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde.
        
    L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde.
        
    L'âme habite dans le corps, et pourtant elle n'appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n'appartiennent pas au monde.
        
    L'âme invisible est retenue prisonnière dans le corps visible; ainsi les chrétiens : on les voit vivre dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible.
       
    La chair déteste l'âme et lui fait la guerre, sans que celle-ci lui ait fait de tort, mais parce qu'elle l'empêche de jouir des plaisirs; de même le monde déteste les chrétiens, sans que ceux-ci lui aient fait de tort, mais parce qu'ils s'opposent à ses plaisirs.
        
    L'âme aime cette chair qui la déteste, ainsi que ses membres, comme les chrétiens aiment ceux qui les détestent.
        
    L'âme est enfermée dans le corps, mais c'est elle qui maintient le corps; et les chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde, mais c'est eux qui maintiennent le monde.
        
    L'âme immortelle campe dans une tente mortelle : ainsi les chrétiens campent-ils dans le monde corruptible, en attendant l'incorruptibilité du ciel.
        
    L'âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif; et les chrétiens, persécutés, se multiplient de jour en jour. Le poste que Dieu leur a fixé est si beau qu'il ne leur est pas permis de le déserter.


  • LE POINT SUR L'OPUS DEI (article d'Emma Deverny paru dans le journal "Il est vivant" en mai 2006)
        
    La thèse de Dan Brown "L'Opus Dei est une œuvre catholique fortement controversée, qui a fait l'objet d'enquêtes judiciaires à la suite de plaintes de certains membres pour endoctrinement, coercition et pratiques de mortifications corporelles dangereuses", affirme Dan Brown dans l'introduction de son livre "Da Vinci Code".
        
    "Bénie soit la douleur", "la souffrance est salutaire", assène Silas, le géant Albinos et moine de l'Opus Dei.
    Tout au long du roman, il se révèle être un assassin sanguinaire, particulièrement porté sur le cilice (un objet de pénitence).
    Au regard de l'obéissance qu'il voue à son maître, nous ne sommes pas loin de l'endoctrinement. Ce que confirme Dan Brown en qualifiant l'organisation de "secte qui pratique le lavage de cerveau".
        
    Une certitude : l'Opus Dei excite la curiosité.
    On la surnomme parfois la "sainte mafia", et certains n'hésitent pas à s'adresser à l'œuvre comme à un réseau franc-maçon d'amitié et d'influences.
    Une réputation acquise à la fin de la période franquiste, quand l'Opus Dei fut accusée à tort de vouloir infiltrer le pouvoir, lorsque certains de ses membres furent nommés ministres.
    On peut comprendre que depuis cette mésaventure, ils cherchent à rester discrets.
    Au premier abord, rares sont les membres de l'Opus Dei à se présenter comme tels.
    C'est un engagement "privé" qu'ils prennent : celui de prier, d'aller à la messe, de se former.
        
    En France, l'œuvre dispose de peu d'effectifs et de moyens.
    Implantée depuis 1947, elle ne compte aujourd'hui que 1600 fidèles et coopérateurs, dont 26 prêtres.
    Une petite moyenne quand on sait que l'Opus à travers le monde, ce sont 85 000 fidèles dont 1900 prêtres.
    Le message de l'Oeuvre s'adresse particulièrement à des laïcs à qui il propose une "sanctification par le travail".
    "L'Opus Dei cherche à aider les gens à prier, à rencontrer Dieu dans leur quotidien", explique Arnaud Gency, directeur de la communication. Leur objectif : vivre la sainteté au quotidien et particulièrement dans leur travail.
    Une mission simple au cœur du monde, qui les incite à témoigner du Christ dans leur entourage par un "apostolat de rayonnement".
        
    Ce désir de suivre le Christ les pousse parfois à l'imiter jusque dans sa Passion.
    La mortification ? Oui, ça existe à l'Opus Dei. Mais "on respecte son corps. L'objet n'est pas de se faire mal mais d'apprendre à maîtriser son corps et son caractère et d'apprendre à aimer, en sortant de son égoïsme". Et par amour, de communier aux souffrances du Christ : "Une personne qui a un idéal élevé fait forcément des sacrifices".
    Mais tous vous le diront : la vraie mortification, c'est de vivre au quotidien la fidélité dans les petites choses !"
        
    L'Opus Dei adopte une attitude sereine face à l'image qu'on donne d'elle : "Nous n'avons aucun désir de polémiquer, déclare-t-elle. Nous continuons à gérer cette situation dans la transparence et avec un esprit constructif".
        
    NOTES
    1)-L'Opus Dei ("œuvre de Dieu", en latin) a été fondée le 2 octobre 1928 par Josémaria Escriva de Balaguer (canonisé en 2002), prêtre né en Espagne au début du XXe siècle. Reconnue par le Saint Siège en 1947, elle propose une formation chrétienne et un accompagnement spirituel, les invitant à l'apostolat et à la sanctification par le travail.
        
    2)-Numéraire : Laïcs, hommes ou femmes, qui s'engagent au célibat apostolique (18% des membres de l'Opus Dei). Parmi eux, certains sont ordonnés prêtres (2% des membres) et incardinés dans la prélature.
        
    3)-Surnuméraire : Laïcs mariés ou non, ils représentent 80% des membres de l'Opus Dei.
        
    4)-Prélature personnelle : L'Opus Dei a été érigée prélature personnelle (statut créé par le Concile Vatican II) en 1982. Sa structure est semblable à celle d'un diocèse avec un évêque (nommé à vie) à sa tête. L'Opus Dei dispose ainsi de son propre clergé et de la certitude que le message et l'esprit du fondateur seront partout les mêmes.


  • Dans le prolongement de l'élection de Benoît XVI, voici quelques petits points de repère concernant la vie de Saint benoît.
        
    1)-Saint Benoît naît à Nursie, en Italie (à environ 100 km au Nord de Rome), vers 480. Son prénom - qui se dit "Benedictus" en latin - signifie "béni". Il est le frère de Sainte Scholastique qui est elle aussi une religieuse célèbre.
        
    2)-Saint Benoît grandit dans un monde extrêmement instable. L'Empire Romain d'Occident s'est écroulé en 406 (au moment des grandes invasions barbares) et l'Europe est en proie aux conflits, à la misère, au paganisme... Seule l'Eglise peut offrir aux gens un "cadre" relativement stable (les évêchés, les paroisses, les fêtes religieuses...).
        
    3)-Saint Benoît est très vite attiré par la prière et la méditation. A partir de l'âge de 17 ans - et ce jusqu'à 19 ans - il vit dans une grotte pour se consacrer à la prière et à la pénitence. C'est un certain Romain, un moine appartenant à une petite communauté religieuse, qui lui apporte chaque jour de quoi manger en laissant descendre un panier de nourriture le long de la paroi de la grotte qui est située 50 mètres plus bas, à l'aide d'une corde. Cette "Sacro Speco" (Sainte Grotte) se trouve près de Subiaco. Une communauté de bénédictins en a aujourd'hui la garde.
        
    4)-Peu à peu, les gens des villages alentours entendent parler de Benoît et ce dernier devient très célèbre. Environ 150 hommes veulent un jour devenir ses disciples et il fonde avec eux une communauté monastique. Les frères, alors répartis dans 12 maisonnées, consacrent leur temps à la prière et au travail : défrichement de terrains, reliure, enseignement...
        
    5)-Benoît est très jalousé et très attaqué par des prêtres vivant dans des villages voisins car leurs paroissiens ont plus d'estime pour lui que pour eux. On essaye plusieurs fois de le tuer. Un jour un certain Florentius lui fait parvenir un pain empoisonné, mais, avant que Benoît ne le mange, un corbeau s'en empare et le jette dans un précipice. C'est pour cela que Benoît est souvent représenté avec un corbeau auprès de lui. A noter également que la fameuse "médaille de Saint Benoît" est réputée pour être très efficace dans la lutte contre le mal.
        
    6)-Vers 529, Benoît décide de partir s'installer avec ses frères sur le Mont Cassin (qui est une vieille forteresse désaffectée). Au sommet, il y a un temple païen dédié à Apollon. Benoît s'empresse de le briser et en fait deux oratoires : l'un à Saint Martin et l'autre à Saint Jean Baptiste. Pendant les années qu'ils passent là-bas, il écrit une règle très célèbre qui va être adoptée par de très nombreux monastères au fil des siècles. Le but de cette règle (qui insiste beaucoup sur l'obéissance, l'humilité, la prière, le travail...) est d'UNIFIER l'homme pour qu'il devienne saint et "qu'en toute chose Dieu soit glorifié".
        
    7)-Benoît meurt en 547 et, après sa mort, son monastère est détruit par les Lombards (un peuple venu du Nord). Les moines partent alors se réfugier à Rome où ils deviennent les collaborateurs du pape Grégoire le Grand. Ce dernier les envoie fonder de nouvelles communautés à travers l'Europe. L'ordre de Cluny et de Cîteau, qui vont renouveler l'Eglise au XIe siècle, sont d'origine bénédictine (la différence est que Cîteau a été réformé par Saint Bernard).
        
    Pour faire un lien avec le pape Benoît XVI (qui a été élu le mardi 19 avril 2005), je dirais que l'intercession de Saint Benoît va peut-être entraîner trois choses :
    a)-Le nouveau pape va sûrement beaucoup travailler pour réunifier "l'homme intérieur" en rappelant les bases de la foi chrétienne (doctrine, moral, liturgie...) et en luttant contre les dérives du modernisme (matérialisme, libéralisme, laxisme moral...).
    b)-Cela lui faudra très probablement de nombreuses attaques venant des ennemis de la foi et des partisans du laisser-aller.
    c)-Son action contribuera très certainement à faire entrer l'Eglise dans un siècle de prière et de vie intérieure.
        
    Cela, soit dit en passant, serait une suite logique de l'action de Jean Paul II. En effet, quoi de plus naturel, après avoir cassé le communisme, que de chercher à retrouver le sens du spirituel et à reconstruire l'intériorité ?
        
    Deux détails, pour finir :
    -Saint Benoît a été déclaré "Père de l'Europe" par Pie XII en 1947.
    -Ses reliques se trouvent aujourd'hui à la basilique de Fleury (en France), et celles de Ste Scholastique à l'église Notre Dame de la Couture (au Mans). Elles ont été ramenées par des moines français après la destruction du Mont Cassin.
        
    Jésus, Marie, protégez Benoît XVI et l'Eglise tout entière.
    Nous avons confiance en vous et nous savons qu'avec votre aide le bien l'emportera toujours.