• Comme un enfant a besoin de connaître l'histoire de ses parents, un chrétien a besoin de connaître l'histoire de son Eglise. Les racines spirituelles sont tout aussi importantes que les racines terrestres pour qui cherche à savoir d'où il vient.
         
         
    I)-L'EGLISE DES ORIGINES (du 1er au 5ème siècle) >>
        
    Supplément 1A :
    Les persécutions et le triomphe du christianisme >>
        
    II)-L'EGLISE DU MOYEN-AGE : PILIER DE L'EUROPE ET VICTIME DU SYSTEME FEODAL (du 5ème au 11ème siècle) >>
        
    Supplément 2A :
    Saint Benoît : le Père du monachisme occidental >>

         
    III)-L'EGLISE DU MOYEN-AGE : UN SOUFFLE NOUVEAU VENU DES ORDRES MONASTIQUES (du 11ème au 13ème siècle) >>
        
    Supplément 3A :

    Les Seigneurs et la nomination des abbés dans les grands ordres monastiques (du 11ème au 13ème siècle) >>
         
    IV)-L'EGLISE DU MOYEN-AGE : UN SOUFFLE NOUVEAU VENU DE LA REFORME GREGORIENNE (du 11ème au 13ème siècle) >>
        
    Supplément 4A :
    La douloureuse question de l'Inquisition >>
         V)-L'EGLISE DU MOYEN-AGE : LE TEMPS DES CATHEDRALES (du 12ème au 14ème siècle) >>
        
    Supplément 5A :
    Les deux principales sources de conflit entre les Papes et les souverains du Moyen-Age >>
        
    Supplément 5B :
    Peste noire, guerre de cent ans, avancée de l'Islam : la difficile sortie du Moyen-Age (14ème et 15ème siècles) >>
        
    Supplément 5C :
    Le bilan missionnaire de l'Eglise du Moyen-Age >>
         VI)-LE MONDE DE LA RENAISSANCE ET L'APPARITION DE L'HUMANISME (du XVème au 17ème siècle) >>
         VII)-L'EGLISE DE LA RENAISSANCE : UNE NOUVELLE CRISE DU CLERGE QUI RESSEMBLE A CELLE DU MOYEN-AGE (du 14ème au 16ème siècle) >>
         VIII)-L'EGLISE DE LA RENAISSANCE : L'EFFONDREMENT DE LA PAPAUTE ET DES ORDRES MONASTIQUES (du 14ème au 16ème siècle)
    >>
         IX)-L'EGLISE DE LA RENAISSANCE : LA RESURRECTION ET LE CONCILE DE TRENTE (16ème siècle) >>
         X)-L'EGLISE DE LA RENAISSANCE : LA RESURRECTION DES ORDRES MONASTIQUES (16ème siècle) >>
        
    Supplément 10A :
    Contre-réforme catholique : la France rattrape son retard grâce au génie de Saint Vincent de Paul (17ème siècle) >>
        
    Supplément 10B :
    Le bilan de l'Eglise missionnaire à la Renaissance >>
         XI)-L'EGLISE A L'EPOQUE DES LUMIERES : FACE AU MIRAGE DE LA SCIENCE ET DE LA RAISON (18ème siècle) >>
         XII)-L'EGLISE A L'EPOQUE DES LUMIERES : LE TRAUMATISME DE LA REVOLUTION FRANCAISE (18ème siècle) >>
         XIII)-L'ESPRIT MISSIONNAIRE SAUVE L'EGLISE DE FRANCE APRES LA REVOLUTION (19ème siècle) >>
         XIV)-MALGRE LE GRAND ELAN MISSIONNAIRE, LA VICTOIRE DE L'EGLISE N'EST PAS TOTALE (19ème siècle) >>
        
    Supplément 14A :
    Le bilan de l'Eglise missionnaire au 19ème siècle >>
         
        
    NOTE
        
    Les principaux messages ont été rédigés à partir de notes prises lors de conférences données par le père Bernard Peyrous (communauté de l'Emmanuel) sur l'histoire de l'Eglise. Ces notes ont été complétées par la suite à l'aide d'encyclopédies (Tout l'Univers, Théo…).

  • A l'époque de la Renaissance, le christianisme se propage à travers le monde grâce à l'action des Espagnols, des Portugais et de la "Congrégation de Propaganda Fide" (à Rome) qui se charge de porter l'évangile dans les pays où les deux premiers ne sont pas présents.
        
    Au début du XIXe siècle, par contre, l'attention des chrétiens se recentre sur les événements qui se déroulent en France. En effet, loin de concerner uniquement notre pays, la Révolution Française a aussi de profondes répercussions dans l'ensemble de l'Europe (y compris pour l'Eglise).
    Mais voici plutôt comment les choses se passent.
        
    1-Comme nous l'avons vu dans nos chapitres précédents, l'année 1789 marque un très grand choc en Europe. Les rois de l'époque ont peur que la monarchie soit renversée également dans leurs propres pays. C'est ainsi que l'on assiste à la formation de "coalitions de nations" dirigées contre la France.
    Parmi les principales nations participantes, on peut noter : la Grande Bretagne, l'Autriche et la Russie.
    Entre 1793 et 1815, il n'y a pas moins de sept coalitions qui se constituent (à noter que l'Autriche ne prend pas part à la quatrième, et que la Russie ne participe pas à la cinquième).
        
    2-Au cours des années qui suivent 1789, l'Italie est le théâtre d'une immense pagaille politique : l'idéal révolutionnaire devient peu à peu un rêve froissé, les régimes politiques se succèdent au rythme des coups d'état… bref, il est très difficile de trouver une stabilité.
    Au sein de ce désordre général apparaît un jeune chef militaire charismatique qui connaît un grand succès populaire grâce à ses nombreuses victoires contre les pays coalisés : Napoléon 1er  (on se souvient notamment de sa victoire à Marengo, en Italie, en juin 1800). De 1804 à 1815, Napoléon 1er est l'Empereur des français.
        
    3-Pendant tout le temps qu'il passe au pouvoir, Napoléon 1er mène de nombreuses campagnes militaires pour défendre notre pays. Cela le conduit à remporter une série de grande victoires comme : Austerlitz (en Moravie, décembre 1805), Iéna (en Allemagne, octobre 1806), Friedland (en Prusse Orientale, juin 1807), Wagram (en Autriche, juillet 1809), Dresde (en Allemagne, août 1813)… et ceci jusqu'à la célèbre défaite de Waterloo (en Belgique, juin 1815) qui aboutit à sa seconde abdication.
        
    4-Ce qu'il faut savoir, c'est que partout où il conquiert des territoires, Napoléon 1er met en place un système religieux semblable à celui qui existe en France, France un système dans lequel l'Eglise est rattachée à Rome tout en demeurant extrêmement contrôlée par l'état.
    Bien sûr, le Concordat de 1801 a permis à l'Eglise de France de redémarrer alors qu'elle était complètement à terre, après la Révolution. En ce sens, ce compromis n'a pas été QUE négatif.
    Toutefois, il faut bien comprendre que dans les pays où il n'y a pas eu de révolution (et où, par conséquent, l'Eglise fonctionne parfaitement bien) l'instauration d'un régime "de type concordataire" constitue une régression, et ceci parce que le clergé y perd une grande part de son autonomie et de son autorité.
    C'est pourquoi on peut dire que l'époque napoléonienne est un temps difficile pour l'Eglise.
        
    5-En France, nous avons vu que le christianisme parvient néanmoins à retrouver un nouveau souffle grâce à un formidable élan missionnaire. Cet élan se produit également dans les autres nations, mais pas toutes :
    -en Belgique, par exemple, il y de gros efforts de re-christianisation et la réorganisation est rapide.
    -l'Espagne et l'Italie sont des pays qui ont été très chahutés, mais dans lesquels on assiste également à un renouveau très fort à la fin du XIXe siècle (notamment à partir de 1880).
    -en Allemagne, par contre, les choses sont extrêmement difficiles et la situation n'évolue que très lentement.
        
    Si vous le voulez bien, nous pourrions retenir les deux points suivants pour ce qui est de la propagation de la foi au XIXe siècle :
    a)-Les missions avec les espagnols, les portugais et la "Congrégation de Propaganda Fide" se poursuivent (même s'il est vrai qu'il commence à y avoir des mouvements d'indépendance ici ou là). On parvient notamment à pénétrer en Afrique pour la première fois.
    b)-Cette expansion s'accompagne néanmoins de très grosses difficultés en Europe, et ceci à cause des répercussions négatives de la Révolution française. Les pays dits "de vieille chrétienté" doivent faire des efforts considérables à l'intérieur même de leurs frontières pour que l'Eglise retrouve son autonomie totale.


  • 1-Le formidable élan missionnaire du XIXe siècle permet à l'Eglise de France de refaire surface beaucoup plus rapidement qu'on aurait pu le penser après la révolution française.
    Parmi les zones "reconquises", il y a :
    a)-LES CAMPAGNES :
    Les prêtres y sont très proches du peuple, très dévoués et très appréciés de leurs paroissiens.
    Il faut dire que le monde rural est le lieu où la population est la plus nombreuse. Il est donc normal que l'Eglise déploie de gros efforts pour s'en occuper.
    b)-LA BOURGEOISIE :
    Après 1789, elle tire sa fortune de l'achat des biens du clergé – qui, ne l'oublions pas, ont été confisqués par l'état au moment de la révolution française - et elle est donc très anticléricale. Mais peu à peu, un changement s'opère.
    Il y a deux raisons à cela :
    -Tout d'abord, il faut savoir que les bourgeois aiment bien mettre leurs enfants dans des écoles catholiques car ces dernières ont une très bonne réputation (la discipline est stricte et l'enseignement est de qualité).
    Il en résulte que leurs enfants – qui suivent aussi un enseignement religieux, dans ces établissements – parlent de la foi, chez eux, et finissent bien souvent par convertir leurs propres parents.
    -Ensuite, dans le monde de la bourgeoisie, cela rassure toujours les parents lorsque les enfants se marient avec des catholiques. En effet, épouser un chrétien (ou une chrétienne) est un gage de sérieux.
    C'est ainsi qu'apparaissent en France de très nombreux foyers fondés sur les valeurs de l'évangile (le conjoint chrétien se chargeant de convertir les autres membres de sa famille).
    Progressivement, l'Eglise est donc perçue par la bourgeoisie comme un "instrument de stabilité sociale" et non plus comme une "institution archaïque".
    c)-L'ARMEE :
    Au début du XIXe siècle, l'armée napoléonienne est elle aussi très anticléricale.
    Toutefois, le fait qu'un nombre croissant d'officiers soient issus d'écoles tenues par des jésuites permet à l'Eglise de reconquérir également les milieux militaires.
        
    2-En dépit de ces succès, il subsiste quand même de grandes zones d'ombre. Parmi elles :
    a)-LES VILLES :
    -Elles sont difficiles à encadrer à cause de l'extension permanente des faubourgs (n'oublions pas que nous sommes au temps de la révolution industrielle !).
    De plus, un accord doit être demandé au gouvernement et aux mairies pour construire des édifices religieux… et les autorisations sont souvent refusées.
    On a donc beaucoup de mal à construire et à créer de nouvelles paroisses. Certains quartiers sont même complètement laissés à l'abandon.
    Par ailleurs, bon nombre d'ouvriers considèrent que l'Eglise est "de connivence" avec  la bourgeoisie et, de ce fait, le climat lui est spontanément hostile.
    En effet, le système libéral bourgeois entraînant une paupérisation des travailleurs (on les paye moins pour vendre plus, et moins cher), les ouvriers tendent à rejeter tout ce qui est lié aux classes supérieures et ils se tournent plus volontiers vers les courants socialistes et révolutionnaires.
    b)-LE MONDE DE LA PENSEE :
    Enfin, le dernier secteur que l'Eglise ne parvient pas à reconquérir (et c'est là, très certainement, son plus gros échec) est le monde intellectuel et politique.
    L'exemple qui illustre le mieux cela est sans doute celui de Victor Hugo (1802-1885) : poète, écrivain et homme politique (il est député en 1848), il finit par abandonner totalement le christianisme.
    Pour mieux comprendre les raisons de cet échec, il faut savoir plusieurs choses :
    -Etant donné que la société du XIXe est très instable (les régimes politiques se succèdent au rythme des coups d'état; certains dirigeants sont pour l'Eglise, d'autres contre; il y a le problème de la franc-maçonnerie…), l'Eglise est obligée de réajuster sans cesse ses positions.
    Or, dans les périodes troublées, les chrétiens ont deux traditions : soit ils résistent, soit ils se montrent plus ouverts et récupèrent ce qui peut l'être (cela varie suivant les époques).
    -Au XIXe siècle (qui est donc un siècle où les intellectuels sont imprégnés d'idées mettant en avant la "raison individuelle" et "l'innovation"), l'Eglise ne s'oppose pas au progrès mais elle décide d'adopter une attitude de résistance doctrinale et, pour ce faire, elle se recentre très fortement autour du Pape, de l'autorité, des règles, de la tradition, de la continuité ("Le monde passe et la Croix demeure", dit-on parfois).
    -Cette attitude aboutit à la publication d'un texte appelé "Le Syllabus", en1864 (dans lequel le pape Pie IX se montre très critique vis-à-vis des dérives du monde moderne), ainsi qu'à la définition du dogme de l'infaillibilité pontificale, en 1871.
    -Tout cela, bien sûr, ne va pas du tout dans le sens de la philosophie des lumières qui prône la rupture avec le passé et le changement radical.
    C'est pourquoi les élites du XIXe ne se tournent pas vers la foi.
        
    3-Comme nous le comprenons bien, dans une société où il n'y a pas de séparation entre l'Eglise et l'état, le christianisme ne peut pas se propager si la société civile n'est pas d'accord.
    Or, les hauts responsables ne partageant pas le conservatisme de Rome (c'est notamment le cas des artisans de la 3e république, à partir de 1870) il y a inévitablement des problèmes qui surgissent. Parmi eux, on peut noter :
    -Un écrasement de l'école libre par l'expulsion des congrégations qui les dirigent.
    -Une baisse très forte de la pratique religieuse (elle n'avait pourtant jamais cessé de monter jusqu'en 1870).
    -Puis, finalement, une séparation de l'Eglise et de l'état en 1905. - Dès la troisième république, on peut prévoir que le XXe siècle ne sera pas religieux.
        
    (à suivre)


  • 1-Le siècle qui suit la révolution française est un siècle de très grande instabilité politique.
    Il faut dire que les gens, qui ont toujours eu un roi pour les diriger, doivent maintenant apprendre à gérer eux-mêmes la société nouvelle, et cela n'est pas simple.
    Aussi les périodes d'espoir laissent-elles place à des périodes de déception et d'incertitude, créant ainsi un équilibre social très précaire.
    Quand on regarde les choses avec attention, on a le sentiment que la France hésite alors entre trois voies possibles : poursuivre dans l'esprit de la Révolution malgré les difficultés (la République), revenir à la Monarchie (la Restauration) ou bien s'abandonner à un pouvoir central fort (l'Empire et Napoléon).
    C'est ainsi que ces trois types de régimes se succèdent au rythme des coups d'Etat.
        
    2-Au sein de ce grand désordre, l'Eglise parvient malgré tout à refaire surface. Voici comment :
    Au début du XIXe siècle, Napoléon Bonaparte (1769-1821) juge que le temps est venu de remettre la religion à l'honneur (un peu à l'instar de Cyrus de Perse qui, dans l'Ancien Testament, avait décrété que les hébreux pouvaient revenir de leur déportation à Babylone). "Une société sans religion, dit-il, est un vaisseau sans boussole".
    Ce choix, nous l'imaginons bien, est surtout tactique car il lui permet de gagner les suffrages des catholiques qui voient en lui le restaurateur du christianisme.
    Cela facilite donc son maintient au pouvoir, chose pas évidente en ces temps de recherche et de tâtonnement !
         
    3-Le "retour" de l'Eglise se fait dans le cadre de ce que l'on appelle le "Concordat". Ce texte, qui est approuvé par Rome et par l'Etat en 1801, est longuement négocié car Napoléon cherche à conserver le contrôle de l'Eglise.
    Finalement, après d'âpres discussions, on parvient néanmoins à trouver un "compromis" dont l'Eglise ressort à la fois renforcée et diminuée :
    a)-Les rassemblements religieux sont à nouveau autorisés (les messes, les sacrements..); le pape nomme les évêques et les évêques ordonnent les prêtres; l'Etat assure le traitement des ministres du culte....
    b)-Toutefois, le gouvernement français se réserve le droit de ratifier (ou pas) le choix et les nominations des membres du clergé; l'Eglise doit renoncer à revendiquer les biens ecclésiastiques confisqués à la Révolution; un serment de fidélité au gouvernement est demandé aux évêques et aux prêtres; le nombre des évêchés passe de 120 en 1789 à seulement 40 en 1802…
    Bref, comme on peut l'imaginer, il n'est pas facile de se réorganiser dans de telles conditions.
    Toutefois, cela est suffisant pour que l'Eglise sorte enfin de la clandestinité.
        
    4-Voici maintenant comment les choses se passent "en aval" :
    A-LES ORDRES ANCIENS.
    Tout d'abord, il y a un retour des grands ordres religieux. Les Trappistes, qui ont quitté la France après la Révolution et sont allés s'installer aux USA et en Russie, sont les premiers à être rétablis. Reviennent ensuite les Bénédictins, les Dominicains, les Franciscains, les Carmes…
    Les vocations arrivent très rapidement et certains monastères comptent même plusieurs centaines de moines.
    B-LES ORDRES NOUVEAUX.
    Ensuite, il faut savoir que, pendant la Révolution, il y a eu de très nombreux "groupes de résistance" qui se sont constitués à travers le territoire national (pour catéchiser les enfants, assister les mourants, cacher les prêtres réfractaires, préparer des messes...).
    Or, il se trouve qu'à partir de 1801, ces groupes sortent de l'ombre et deviennent des ordres religieux (pour un grand nombre d’entre eux, du moins).
    Parmi les figures marquantes de cette époque, on peut noter : Anne-Marie Javouhey (fondatrice des soeurs St Joseph de Cluny), Anne-Marie Rivier (fondatrice de la Présentation de Bourg Saint Andéol), Anne-Sophie Barat (fondatrice des Dames du Sacré Coeur), Sainte Marie-Euphrasie Pelletier (fondatrice de l'oeuvre du "Bon Pasteur" d'Anger, qui vient en aide aux filles en difficulté), Sainte Thérèse Couderc (fondatrice de la communauté du Cénacle), le Père Rozand (fondateur de Ste Clotilde), le Père Guillaume Chaminade (fondateur des marianistes, pour l'éducation des jeunes), monsieur Allemand (fondateur de l'Oeuvre pour l'Education de la Bourgeoisie Marseillaise)... etc.
    C-L'ACTION DES FEMMES.
    Comme nous le constatons, les femmes occupent une place extrêmement importante dans la rechristianisation de la France. Elles se montrent très militantes, très décidées et, surtout, très combatives. Certaines, qui sont d'authentiques génies de l'organisation, arrivent même à bâtir de véritables empires religieux (un peu à l'instar de mère Thérèsa aujourd'hui) !
    A la fin du XIXe siècle, on dénombre pas moins de 1200 congrégations de femmes, en France, ce qui est énorme. D'une certaine manière, on peut dire que le génie féminin a sauvé notre pays !
        
    D-L'ENSEIGNEMENT.
    A cela vient s'ajouter également une floraison d'œuvres liées à l'enseignement :
    a)-Les missions paroissiales sont plus nombreuses que jamais.
    b)-Des écoles et des collèges fleurissent partout (on prend en effet conscience que l'anticléricalisme de la Révolution venait du fait que l'éducation n'était pas encore assez performante).
    c)-La mise en place des "petits séminaires" (certains diocèses en possèdent 4 ou 5, chacun comptant 400-500 enfants) permet de renouveler totalement le nombre de prêtres (notamment en admettant au sacerdoce des candidats issus de milieux populaires et pas uniquement bourgeois, comme cela était le cas auparavant).
    Au XIXe siècle, il y a plus de prêtres qu'aux XVIIe et XVIIIe siècles.
    d)-Enfin, on peut noter que ce sont généralement les communes qui demandent aux religieux de construire des établissements scolaires (notamment aux maristes et aux frères des écoles chrétiennes) car les établissements catholiques ont une très bonne réputation.
    De plus, à partir du moment où il n'y a pas encore de séparation de l'Eglise et de l'état, les villes peuvent tout à fait collaborer avec les ordres religieux.
        
    5-Nous voyons donc que l'Eglise regagne progressivement du terrain, après toutes ces années de clandestinité. Pour bien marquer son "retour à la liberté", on cherche même à la mettre en valeur dans le paysage. Pour cela, on construit Montmartre (à Paris), Fourvière (à Lyon), Notre Dame de la Garde (à Marseille)… et ceci dans un esprit de profonde dévotion au Sacré Coeur de Jésus et au Coeur Immaculé de Marie (n'oublions pas que les manifestations de Jésus à soeur Marguerite-Marie, à Paray le Monial, datent de 1673, et que les apparitions de la rue du Bac ont lieu en 1830, celles de La Salette en 1846, celles de Lourdes en 1858, celles de Pontmain en 1871…).
    Le Renouveau est spectaculaire et rapide : la France est très vite ré-encadrée, des progrès considérables sont accomplis dans la pratique religieuse jusqu'en 1870, un art sacré très riche se développe, 140 causes de français morts en réputation de sainteté sont introduites à Rome (rien que pour le XIXe siècle !)…
        
    Certains se prennent alors à rêver à une société religieuse semblable à celle du Moyen-Age, c'est à dire une société dans laquelle l'Eglise ferait émerger des dirigeants chrétiens qui défendraient à leur tour la foi lorsqu'ils accéderaient au pouvoir.
    Ce rêve, malheureusement, ne verra pas le jour. Le XXe siècle, en effet, ne sera pas religieux et la victoire de l'Eglise ne sera pas totale. Dans le prochain chapitre, nous verrons pourquoi.
        
    (à suivre)


  • 1-En 1789, un fossé très profond s'est creusé entre le "tiers-état" (qui représente alors 96% de la population française), la "noblesse" et le "clergé".
    Il faut dire que la dureté du système féodal, la pauvreté, les injustices, les inégalités devant l'impôt... sont devenues insoutenables. Toutes les conditions sont donc réunies pour que la révolte éclate.
    La révolution française, qui est l'expression de cette colère, comporte deux aspects :
    a)-Tout d'abord, cet événement répond à un besoin profond de réorganiser la France socialement, administrativement et politiquement.
    Dans ces trois domaines précis, on peut dire que la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen" (publiée en août 1789) marque une étape décisive vers plus d'équité et de justice sociale.
    b)-Ensuite, il faut savoir que cet épisode de l'histoire de France comporte aussi une part d'anticléricalisme (l'influence des "lumières", nous l'avons vu, est grande à cette époque) non négligeable.
       
    2-Voici, en deux points très courts, le déroulement des événements :
    a)-En novembre 1789 et en février 1790 : l'Assemblée Constituante (c'est à dire l'instance qui regroupe les représentants du tiers-état, de la noblesse et du clergé) décide la confiscation des biens de l'Eglise, la suppression des ordres religieux et l'abolition des voeux monastiques.
    Des membres des "Comités Révolutionnaires Locaux" se rendent alors dans les monastères et demandent aux moines et aux moniales de retourner dans leur famille.
    Bien sûr, tous n'acceptent pas. Beaucoup préfèrent rentrer dans la clandestinité et se font héberger dans des fermes alentours, par groupes de trois ou quatre (gardant parfois leur habit religieux sous des vêtements civils, et disant leurs offices en cachette par peur des représailles).
    b)-En juillet 1790 : on tente de mettre le clergé sous contrôle également, et ceci grâce à la "constitution civile du clergé".
    Ce texte prévoit entre autre : l'élection des curés de paroisses, des évêques et des archevêques par les assemblées de département et de district, un serment de fidélité prêté à la Constitution, la rémunération des ministres du culte par l'état.
    Autrement dit, le gouvernement cherche à organiser "l'Eglise" à sa façon (c'est à dire indépendamment du pape).
        
    3-Comme on peut s'y attendre, Rome refuse cette attitude de l'état (en 1791). La grande majorité des évêques français (23 sur 30) va dans le même sens que le Saint Père.
    Les prêtres, par contre, sont très divisés :
    a)-50% d'entre eux suivent l'état. Ils deviennent alors "assermentés" ou "jureurs". Cela, bien entendu, n'est pas sans poser le problème de la légitimité de leur nouveau "sacerdoce" ainsi que celui des liens qu'ils entretiennent avec les autorités en place (l'état, en effet, demande que soient célébrées les fêtes de la "déesse Raison", à Notre Dame de Paris, et de "l'Etre Suprême").
    b)-Une autre moitié des prêtres, par contre, rejette la "constitution civile du clergé". Dans ce cas, on parle de ministres "réfractaires".
    Autrement dit, les prêtres entrent dans la clandestinité, vivent souvent très pauvrement... mais sont toujours en pleine communion avec Rome.
    Le saint curé d'Ars (qui est né en 1786) fait sa première communion en secret, dans une ferme d'Ecully dont on a fermé les volets pour éviter que la lumière des cierges éveille des soupçons.
    Il faut toujours prendre énormément de précautions, en ces temps troublés, car les "réfractaires" sont déportés en Guyane ou condamnés à l'échafaud.
        
    4-A cette époque, tous les regards sont tournés vers la France.
    Le choc est énorme, en Europe, car les conséquences sont désastreuses pour notre pays : les rassemblements religieux sont interdits (les messes, les sacrements...); les fêtes chrétiennes ne rythment plus la vie quotidienne (on efface le souvenir des saints en introduisant le calendrier révolutionnaire; on remplace la fête des rois par celle des Sans-Culottes...); les gens sont abreuvés d'idées anticléricales (les statues des portails sont mutilées); la pratique, qui était quasi-générale avant 1789, s'effondre très rapidement (elle est divisée par 5 à Bordeaux !)...
    Bref, on assiste à une DECHRISTIANISATION extrêmement rapide de la France.
        
    Face à un tel désastre, on se demande s'il va être possible de faire repartir l'Eglise un jour, et si l’on va pouvoir réunifier le clergé et reconstituer les communautés ecclésiales. La tâche paraît impossible !
    Au prochain chapitre, nous verrons comment l'Eglise de France est quand même parvenue à sortir de cette impasse.
        
    (à suivre)


  • 1-Au milieu du XVIe siècle, le Concile de Trente parvient à "nettoyer" l'Eglise de haut en bas et à lui redonner sa crédibilité.
    Toutefois, d'autres ennuis surgissent peu à peu et font que le christianisme se retrouve à nouveau dans une passe très difficile.
    a)-Tout d'abord, il y a un problème interne concernant l'humanisme. Comme nous l'avons vu, ce mouvement envisage l'avenir sans s'appuyer sur l'Eglise et cela donne naissance à une querelle extrêmement vive entre les jésuites (qui souhaitent évangéliser l'humanisme et développent une théologie morale moins rigoureuse que l'on appelle le "molinisme") et les jansénistes (qui insistent beaucoup plus sur l'importance de Dieu, notamment dans le domaine de la grâce, et sur la nécessité de prendre du recul par rapport au monde).
    Le Saint Siège ne condamne pas le molinisme mais l'Eglise étant devenue un véritable "champ de bataille", l'ordre des jésuites est supprimé de 1773 à 1814 (cela, comme on peut l'imaginer, a des effets désastreux sur les missions et sur l'éducation).
    b)-Ensuite, il y a des tensions entre Rome et Paris.
    Cela vient du fait que Louis XIV, qui dirige la France en monarque absolu, tend à favoriser l'émergence d'une Eglise catholique "française" (et non pas "romaine" !). C'est ce que l'on appelle alors le "gallicanisme".
    Le Vatican cherche donc à réaffirmer son pouvoir spirituel sur la monarchie en place.
    c)-Enfin, le problème qui nuit le plus à l'image de l'Eglise est sûrement "l'affaire Galilée". En effet, persuadées que le géocentrisme (la terre est au centre de l'univers) est la seule théorie qui vaille, les autorités ecclésiales contraignent le physicien italien Galilée (1564-1652) à renier l'héliocentrisme (le soleil est au centre de l'univers). En 1633, cela fait grand bruit et provoque un énorme scandale.
    d)-La conséquence de ces trois problèmes est que le christianisme apparaît très vite comme un monde "renfermé", "statique" et "chamailleur".
    On utilise souvent l'adjectif "obscurantiste", pour le qualifier. De plus, ces affaires détournent les intellectuels de la foi (à l'instar des humanistes de la Renaissance) et l'Eglise perd une très grande partie de son influence.
        
    2-Parallèlement à cela, on assiste à une montée en puissance de la pensée scientifique et philosophique.
    Contrairement à la religion, ces deux domaines donnent le sentiment d'être vraiment "ouverts" et "en mouvement".
    Mais distinguons deux points :
    A-LA SCIENCE.
    L'anglais Isaac Newton (1642-1727) découvre la loi de l'attraction universelle tandis que son compatriote Thomas Newcommen (1663-1729) construit la première machine à vapeur vraiment utilisable (1712).
    De son côté, John Kay (un autre anglais) met au point une "navette" (1733) qui permet de booster la production de textile et lance véritablement la révolution industrielle en Angleterre.
    On construit alors les usines à proximité des mines de charbon, pour alimenter les machines à vapeur, et les grandes villes font leur apparition dans un Royaume Uni riche en matières premières et pacifié au niveau intérieur.
    A cette époque, la foi dans le progrès est très grande.
    B-LA PHILOSOPHIE.
    Dès le XVIIe siècle, René Descartes (1596-1650) donne un nouvel élan à la pensée philosophique en mettant la raison humaine au centre de sa démarche et en faisant table rase de toute connaissance non fondée.
    Son "Je pense donc je suis" ainsi que sa "démonstration" de l'existence de Dieu par la seule raison (voir le "Discours sur la méthode", 1637) fascinent. Sa pédagogie conquiert même la plupart des enseignants et des universitaires.
    Toutefois, quand on se base sur la "raison" plutôt que sur la "Révélation", les découvertes théologiques restent forcément limitées. Comme le dit l'article 237 du Catéchisme de l'Eglise Catholique (au sujet, par exemple, du fameux mystère de la Trinité) : "La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des mystères cachés en Dieu qui ne peuvent être connus s'ils ne sont révélés d'en haut".
    La seule raison ne nous éclaire donc pas complètement sur qui est Dieu. Elle ne permet pas de tout comprendre de Lui.
    La conséquence de cela est que le Dieu de Descartes est "flou", "lointain", "abstrait", "désincarné".
    Le succès considérable de cet auteur - particulièrement dans le monde de l'éducation – lui permet malheureusement de propager partout l'idée que le Créateur est "insaisissable".
        
    3-Le mouvement des "Lumières" (XVIIIe siècle) est souvent présenté comme un "nouvel humanisme".
    L'homme est toujours au centre des préoccupations, mais là où les humanistes de la Renaissance avaient mis la mythologie grecque, les lumières mettent la science (qui est alors en plein essor) et la raison (qui s'est détachée de l'Eglise).
    a)-Les principaux représentants français (Denis Diderot (1713-1784), le baron de Montesquieu (1689-1755), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)...) exercent une influence considérable sur leurs contemporains.
    On les invite dans toutes les cours d'Europe et ils diffusent leurs idées dans tous les pays.
    Le coeur de leur pensée est que l'homme a été jusqu'alors un enfant placé sous la tutelle de l'Eglise, et qu'il va enfin devenir adulte grâce aux progrès techniques et intellectuels.
    b)-Le mouvement compte également des partisans dans d'autres pays. Le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), par exemple, développe lui aussi l'idée selon laquelle Dieu est "inconnaissable" et "inaccessible".
    Pour lui, on ne peut comprendre que les sciences et le monde matériel. Il est vrai qu'il reconnaît une possibilité d'atteindre également la sphère morale, mais la morale telle qu'il la conçoit ne renvoie jamais à une personne.
    En effet, il ne préconise pas de faire les choses parce que Dieu nous aime, mais uniquement parce qu'il faut les faire (c'est ce qu'il appelle "l'impératif catégorique", en 1788).
    c)-Nous voyons donc bien que le pont entre Dieu et les hommes, construit par Jésus Christ et rendu "tangible" par son Eglise, est rompu. Dieu devient progressivement un "étranger", un être "indéfinissable", "vague", "absent". On dit que la Révélation est une tromperie, que la Bible est une erreur et que le Christ est une invention de l'Eglise.
    Certains, à l'instar de Voltaire (1694-1778), n'hésitent pas à annoncer l'effondrement prochain du christianisme.
    d)-Les penseurs du siècle des "lumières" ne deviennent pas tous des incroyants ou des apostats, certes. Toutefois, il y a de très nombreuses attaques portées contre la foi chrétienne (Rome interdit d'ailleurs plusieurs livres).
    e)-Notons aussi que de la même façon que la Renaissance avait entraîné des abus au niveau moral, l'époque des lumières connaît elle aussi ses écarts.
    Le libertinage, qui en est un, apparaît dès le XVIIe siècle.
        
    4-Afin de bien illustrer ce phénomène de "rationalisation de la pensée", prenons l'exemple de celui qui est reconnu comme le penseur emblématique de cette période, Denis Diderot (l'auteur de "L'Encyclopédie"), et essayons de voir quelles sont les différentes étapes de son parcours spirituel.
    a)-Tout d'abord, il faut savoir que ses parents sont des artisans catholiques qui le destinent à la vie ecclésiale.
    Diderot reçoit donc très jeune une éducation chez les JESUITES, mais, vers l'âge de 20 ans, il décide de s'enfuir et mène une vie de bohème.
    b)-Dans ses "Pensées philosophiques" (1747), on sent qu'il s'oriente peu à peu vers le DEISME (c'est à dire qu'il reste croyant, mais sans faire de référence à une révélation. En ce sens, il se coupe donc de l'Eglise).
    c)-Dans sa "Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient" (1749), il franchit une autre "étape" dans l'éloignement de la religion en se tournant vers l'ATHEISME (c'est à dire qu'il nie désormais l'existence même de Dieu).
    d)-Enfin, à partir de 1750, il embrasse purement et simplement le MATERIALISME (autrement dit, il rejette l'idée selon laquelle il y a du "spirituel", en l'homme, et il pense que le genre humain est le fruit d'une lente évolution de la matière).
    Les philosophes, nous le savons, jouent un rôle très important dans la société.
    Par leurs écrits, en effet, ils diffusent des idées.
    Or, en diffusant des idées, ils ont le pouvoir de former (ou de déformer !) les esprits. Et en les formant (ou en les déformant), ils façonnent également les comportements et préparent inévitablement les actions futures.
        
    Comme nous allons le voir au prochain chapitre, les artisans de la révolution française, modelés par les idées des lumières, ne vont pas être tendres avec notre Mère l'Eglise !
        
    (à suivre)


  • A la Renaissance, la propagation du christianisme se poursuit de la manière suivante :
        
    1-L'Islam.
    Après la prise de Constantinople (1453), on assiste à une avancée considérable de l'Islam d'Est en Ouest.
    La Turquie sert de base arrière aux musulmans pour lancer des raids contre l'Europe, et la peur règne alors partout. A un moment donné, on craint même pour l'Italie.
    La menace est cependant écartée grâce à plusieurs victoires décisives : en 1565, la flotte turc est stoppée dans son expansion, à Maltes; en 1571, elle est détruite à la bataille de Lépante, en Grèce; en 1683, l'armée turc est réduite à néant à son tour par les polonais, en Autriche.
    L'avancée temporaire de l'Islam est néanmoins suffisante pour couper la route vers la Chine, et cela pousse les gens à chercher d'autres voies de passage vers l'Est.
    Tout naturellement, ils songent à emprunter la voie maritime, et c'est ainsi que les pays qui ont une grande ouverture sur la mer (comme le Portugal et l'Espagne) arrivent sur le devant de la scène internationale.
        
    2-Le Portugal et l'Espagne.
    Il y a une grande rivalité entre ces deux nations, au niveau des missions. A tel point qu'au congrès de Tordesillas (1494), le pape Alexandre VI doit attribuer à chacune des zones précises, en Amérique du Sud.
    Mais voici plutôt quelques événements importants :
    a)-Le Portugal : Henry le navigateur (1394-1460) commence l'exploration des côtes africaines; Bartolomeu Dias (1450-1500) découvre le cap de Bonne Espérance; Vasco de Gama (1469-1524) atteint l'Inde par la mer; Fernand de Magellan (1480-1521) réalise le premier tour du monde en bateau...
    Notons que l'évangélisation marche très mal en Afrique car le désert rend le territoire très difficile d'accès.
    De plus, les blancs font de l'esclavage et cela nuit terriblement à leur image.
    Les choses ne changeront qu'aux XVIIIe et XIXe siècles.
    b)-L'Espagne : elle devient la grande puissance européenne de la Renaissance (surtout de 1500 à 1650).
    Parmi les faits marquants : Christophe Colomb (1450-1506) traverse l'Océan Atlantique et atteint les îles situées au large de l'Amérique du Nord, même s'il est vrai qu'il croit être arrivé en Inde; Amerigo Vespucci (1454-1512) poursuit l'exploration des côtes américaines et comprend qu'il s'agit d'un nouveau continent.
    Plus tard, on donnera son nom à l'Amérique.
    c)-Le bilan des missions placées sous le patronage espagnol et portugais est un mélange de réussites et d'échecs.
    -les réussites : au Mexique, l'arrivée du christianisme contribue à la disparition de la religion Aztèque qui était cruelle et autorisait les sacrifices humains; en Amérique du Sud, les européens portent un coup fatal aux Incas, qui exploitaient les gens, et la christianisation est très rapide.
    -les échecs : parfois, il arrive que les colons ne tiennent pas assez compte des hommes. Il y a alors des massacres, de l'esclavage, des conversions forcées...
    Notons que "l'Invincible Armada" (c'est à dire la flotte espagnole) s'affaiblit peu à peu car elle est souvent attaquée par des nations rivales.
    De plus, les colonies coûtent très vite plus d'argent qu'elles n'en rapportent et, avec le temps, il y a des mouvements d'indépendance (notamment avec Simon Bolivar au début du XIXe siècle).
        
    3-La "Congrégation de Propaganda Fide" (prononcez "fidé").
    La "Congrégation pour la Propagation de la Foi" (ou, depuis 1967, "Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples") est mise en place dans sa forme définitive par Grégoire XV en 1622.
    Elle a la charge des missions et est présidée par un cardinal-préfet.
    Dans chacun de ses deux principaux objectifs, elle connaît elle aussi des réussites et des échecs.
    a)-Le premier objectif est d'aller là où les portugais et les espagnols ne vont pas.
    -les réussites : le christianisme est introduit dans certains pays comme l'Inde, l'Indonésie, les Philippines (tout n'est pas facile mais on parvient quand même à installer des points d'implantation de la foi), le Viet-Nam (les choses fonctionnent plutôt bien, dans ce pays)...
    -les échecs : on assiste parfois à des résistances nationalistes et à des persécutions comme au Japon, par exemple, ou bien en Chine...
    b)-Le second objectif est de reconquérir les terres tombées aux mains des protestants.
    -les réussites : cela marche partiellement en Allemagne, en Suisse, en Hongrie, en Pologne et en Autriche (une partie du chemin est refaite mais pas tout, loin s'en faut).
    -les échecs : les avancées sont particulièrement difficiles dans les pays scandinaves et en Angleterre (notamment à cause de la violence des répressions, dans le cas de l'Angleterre).
    Notons que l'on parvient aussi à rétablir le contact avec certaines fractions de l'Eglise orthodoxe en Ukraine, en Roumanie... Cela donne alors naissance au mouvement "uniate".
        
    Le bilan de la Renaissance est donc le suivant :
    a)-On stoppe l'Islam.
    b)-Les portugais et les espagnols explorent le monde et évangélisent l'Amérique du Sud.
    c)-La "Congrégation de Propaganda Fide" se rend là où les portugais et les espagnols ne vont pas et s'occupe également de reconquérir les terres devenues protestantes.
    d)-Il y a des réussites et des échecs PARTOUT, mais l'effort missionnaire est CONSIDERABLE.
    On fait le tour de la planète et cela donne aux gens un sentiment très fort d'ouverture et de LIBERTE.
    (Ceux qui sont intéressés par ce sujet apprécieront sûrement le film "Mission", de Roland Joffé (avec Robert de Niro et Jeremy Irons), qui a reçu la Palme d'Or au festival de Cannes en 1986).


  • 1-Contrairement à ce que l'on peut penser, la France n'est pas le pays le plus rapide à s'engager dans la "réforme tridentine" (que l'on appelle aussi la "contre-réforme catholique").
    Non, la "Fille aînée de l'Eglise" prend même beaucoup de retard par rapport aux autres nations.
    Deux raisons expliquent cela :
    a)-De 1515 à 1547, le roi François 1er (qui, depuis la signature du concordat de Bologne en 1516, a le droit de nommer les évêques) met à la tête des évêchés de très mauvais pasteurs.
    La réforme est donc considérablement ralentie en amont.
    b)-De 1562 à 1598, les guerres de religion - auxquelles se mêlent de terribles luttes politiques entre de grandes familles nobles - ensanglantent les villes et les campagnes françaises.
    Cette situation bloque elle aussi pas mal de choses.
    Les affrontements entre les catholiques (dirigés au début par le duc François de Guise) et les protestants (dirigés par le prince de Condé), atteignent un sommet lors du massacre de la Saint Barthélémy (1572) qui fait plus de 3000 morts.
    Dix-sept ans plus tard, Henri IV, qui est protestant, accède au trône de France. Cela, nous l'imaginons bien, n’éteint pas les passions. Toutefois, son abjuration, en 1593, permet de pacifier le pays et de signer l'édit de Nantes qui accorde aux protestants la liberté de culte ainsi que l'égalité civile avec les catholiques (1598).
        
    2-Malgré ces deux "freins intérieurs" importants, certaines choses positives font que tout n'est pas à l'arrêt, sur le plan religieux, et que la réforme tridentine parvient à se mettre peu à peu en place (même si c'est avec du retard).
    a)-Au niveau des laïcs : il y a des groupes de rencontres très influents, comme par exemple celui de madame Acarie (1566-1618).
    Cette dame de la grande bourgeoisie, qui est l'épouse d'un membre du Parlement, tient un salon religieux, à Paris, où viennent régulièrement des évêques, des prêtres, des laïcs... et cela permet la diffusion d'idées réformatrices.
    A la mort de son mari, elle entre même au Carmel et prend le nom de Marie de l'Incarnation.
    b)-Au niveau du clergé régulier : des ordres réformés ou nouvellement créés sont introduits en France, comme les Carmélites d'Espagne ou les Jésuites (en partie grâce à l'intervention de madame Acarie, d'ailleurs).
    c)-Au niveau des ministres ordonnés : il y a de grands personnages qui font que la nuit n'est pas totale.
    Le Cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629) fonde la Congrégation de l'Oratoire pour que les prêtres fassent rayonner la pensée chrétienne par l'étude, l'enseignement et la prédication; Mgr François de Salle (1567-1622) écrit de très beaux ouvrages de spiritualité et deviendra le patron des écrivains et de la presse catholique; Saint Jean Eudes (1601-1680) répand le culte du Sacré Coeur de Jésus et de Marie et fonde une congrégation pour former les prêtres; Saint Vincent de Paul (1581-1660) est un personnage tout à fait central de cette période.
    Si vous le voulez bien, consacrons lui un paragraphe.
        
    3-Le génie de Saint Vincent de Paul (que ses contemporains appellent volontiers monsieur Vincent) est qu'il agit sur tous les points de blocage qui paralysent l'Eglise :
    a)-LES ROIS : le pape Paul V (très impressionné par le fait qu'il ait ramené un musulman à la foi chrétienne, en Tunisie) le nomme auprès d'Henri IV. Dès lors, son influence ne cesse de grandir à la cour.
    Grâce à lui, le roi Louis XIII (1610-1643) se réconcilie avec Anne d'Autriche (qu'il avait épousé en 1615), et, le 11 février 1638, la France est consacrée à la Vierge.
    Par ailleurs, Anne d'Autriche (qui devient régente du royaume de 1643 à 1661 car Louis XIV n'a que 5 ans à la mort de son père) le prend comme directeur de conscience.
    A son contact, elle devient moins frivole et plus sensible aux détresses du monde. Elle donne même ses bijoux pour aider les pauvres.
    b)-LES EVEQUES : monsieur Vincent est nommé secrétaire du Conseil de Conscience (l'instance qui s'occupe alors des affaires religieuses) par Anne d'Autriche.
    Grâce à cette fonction - et en dépit du fait que le Cardinal Mazarin le jalouse - il arrive à faire nommer d'excellents évêques, ce qui facilite beaucoup la mise en place des orientations du Concile de Trente.
    c)-LES PRETRES : l'impact de Vincent de Paul est là aussi énorme.
    -Il trouve la formule des séminaires.
    Les choses commencent très lentement, par de petites retraites de 15 jours pour les candidats au sacerdoce. Puis, petit à petit, le système se perfectionne et l'on atteint des durées de formation beaucoup plus longues.
    Le résultat est si probant qu'à la fin du XVIIe siècle, tous les diocèses de France ont un séminaire.
    -Il met aussi au point la formation permanente des prêtres (ce qui est très important). Chaque mardi, en effet, il réunit un groupe de prière, d'étude et d'amitié à la maison St Lazare.
    -Il crée également la Congrégation de la Mission (1625) dont le but est d'évangéliser les campagnes et d'assister spirituellement les forçats.
    Cette congrégation compte 450 prêtres en 1660, et ceux-ci prennent le nom de Lazaristes.
    -A noter que monsieur Vincent perfectionne aussi les missions paroissiales en les prolongeant d'un mois (les missionnaires ne s'en vont pas avant d'avoir confessé tout un village !).
    d)-LES ORDRES RELIGIEUX : son idée la plus lumineuse est sans aucun doute de faire appel aux femmes.
    Il est vrai qu'il existait déjà les Ursulines de Ste Angèle Merici (depuis 1535), mais leur statut canonique était encore flou. Avec l'ordre des "Filles de la Charité" (qu'il crée en 1633), les femmes font une entrée beaucoup plus "officielle" dans le monde religieux "non-cloîtré", et ceci en liant la vie de soeur à celle d'infirmière, d'éducatrice, d'enseignante, de missionnaire...
    L'un des gros avantages des Filles de la Charité est qu'elles permettent à l'Eglise de renforcer considérablement son "personnel ecclésial".
    e)-LES PAUVRES : enfin, Vincent de Paul oeuvre beaucoup pour aider les plus défavorisés. Il faut dire qu'après les guerres de religion, le XVIIe siècle (qui est pourtant celui de la monarchie absolue) connaît un temps de révolte des seigneurs contre le pouvoir royal : c'est ce que l'on appelle la Fronde (de 1648 à 1652).
    Cette rébellion - qui est due à l'impopularité d'Anne d'Autriche et de son ministre Mazarin, à l'interminable guerre de 30 ans, aux difficultés économiques de la France... - met à nouveau le pays à feu et à sang.
    Avec l'aide des "Dames de la Charité" (qui n'est pas un ordre religieux, comme les "Filles de la Charité", mais plutôt une association de femmes riches), monsieur Vincent parvient à récolter des fonds qui permettent, entre autre, d'apporter des solutions au douloureux problème des bébés abandonnés (environ 500 chaque année à Paris).
    Parmi les membres de l'oeuvre : Marie de Gonzague (la future reine de Pologne), Charlotte de Montmorency (la mère du Prince de Condé), madame Fouquet (la mère du surintendant), madame de Lamoignon (l'épouse du président du Parlement), madame Séguier (la femme du Grand Chancelier)... Leur apostolat, notons-le au passage, facilite beaucoup le rapprochement des classes sociales.
        
    Pour conclure, nous pourrions retenir que St Vincent de Paul est un homme qui tient l'Eglise de France "à bout de bras", durant sa vie.
    Il débloque beaucoup de choses et, grâce à son action, l'esprit du Concile de Trente parvient à se diffuser dans une France en proie à de terribles conflits. Notre pays finit même par prendre de l'avance sur les autres !
       
    Décédé le 27 septembre 1660 et canonisé en 1737, il est déclaré "Patron de toutes les oeuvres charitables" en 1885.
    Il n'y a qu'un mot pour décrire un tel homme : c'est un génie spirituel.


  • Le Concile de Trente (on parle aussi parfois de la "Réforme Tridentine") entraîne un profond renouvellement de l'Eglise, notamment au niveau des papes, des évêques et des prêtres.
    Ce vent frais, qui souffle donc "du haut vers le bas", s'accompagne aussi d'un réveil des ordres monastiques qui sortent progressivement de leur "endormissement", et ceci grâce à deux choses : la réforme des ordres anciens et la création d'ordres nouveaux.
    Si vous le voulez bien, considérons maintenant ces deux points.
        
    1-Au XVIe siècle, plusieurs saints sentent que les monastères se sont relâchés et qu'il est urgent de leur donner une "nouvelle impulsion". Pour cela, ils préconisent de revenir à ce que l'on appelle "l'observance" (c'est à dire l'application rigoureuse de la règle primitive telle que le fondateur de l'ordre l'a écrite, et dont on s'est éloigné au fil des années).
    Parmi les réformateurs célèbres, on peut noter :
    a)-St Jean de la Croix (1542-1591) : il est espagnol, carme, et constate avec douleur qu'il y a un manque de rigueur dans sa famille religieuse. Ses supérieurs hiérarchiques s'opposent violemment à ses idées réformatrices (admettre qu'il est nécessaire de se convertir n'est pas toujours facile !) mais, loin de le décourager, cela le pousse à s'unir à Dieu d'une manière particulièrement intense.
    Le récit de sa fabuleuse expérience mystique est contenu dans "Le Cantique Spirituel", l'un des plus beaux livres spirituels de toute l'histoire de la littérature chrétienne.
    b)-Ste Thérèse d'Avilla (1515-1582) : elle entre au Carmel à 20 ans et découvre que les soeurs y mènent une vie facile et qu'elles passent leurs journées à discuter au parloir.
    Elle entreprend alors la réforme de l'ordre et fonde, contre vents et marées, 16 nouveaux monastères où elle remet la règle primitive au goût du jour.
    Elle est très proche de Saint Jean de la Croix.
    c)-Les Capucins : venus du Nord de l'Italie, ils réforment l'ordre franciscain et ont une grande influence sur leurs contemporains car ils sont de très bons confesseurs et d'excellents prédicateurs.
    L'expression "prêcher à la capucine" signifie d'ailleurs, à l'époque, "prêcher avec éclats de voix".
    d)-On peut noter également que d'autres ordres anciens se réforment : les bénédictins, les cisterciens (ces derniers deviennent alors les trappistes), les dominicains...
    Seuls les Chartreux, qui constituent un cas unique dans l'Eglise, ne se réforment pas ("Jamais réformés car jamais déformés" !).
    Mais malgré ce cas à part, le retour à l'observance est quasi-général et il redynamise l'ensemble du clergé régulier qui peut alors avoir à nouveau une influence sur la société de l'époque.
        
    2-En ce qui concerne la création d'ordres nouveaux, on assiste encore une fois (comme à chaque période de remise en question, d'ailleurs) à une véritable explosion de communautés.
    Voici deux exemples intéressants choisis parmi une multitude d'autres :
    a)-Les Jésuites : ils sont créés par Saint Ignace de Loyola (1491-1556) en 1539. Très vite, ils prennent de l'importance dans les diocèses car ils prêchent dans les écoles, les collèges, les universités... et parviennent à former énormément de gens.
    Très attachés à l'Eglise et au pape, leur influence est d'autant plus grande qu'ils ont une spiritualité très "carrée" qui permet de bien structurer la pensée (chacun a sûrement déjà entendu parler des fameux "exercices spirituels" de Saint Ignace).
    b)-Les Ursulines : elles sont créées par Ste Angèle Merici (1470-1540) en 1535. Elles ne vivent pas cloîtrées (ce qui est très étonnant pour l'époque) mais privilégient le contact avec l'extérieur et oeuvrent beaucoup pour l'éducation chrétienne des femmes, notamment en élevant le niveau de connaissance des mères de famille.
    Par leur apostolat, elles habituent aussi les gens à voir des femmes "agir" et pas seulement "prier".
    Ces deux ordres, ainsi que de très nombreux autres que nous ne pourrons malheureusement pas tous citer ici, jouent un rôle majeur dans le renouvellement de l'Eglise et dans l'édification de l'ensemble des baptisés (un peu à l'instar des ordres qui étaient nés au XIIIe siècle).
        
    Notons aussi une petite chose : niveau chronologique, ces réformes et ces créations d'ordres ne sont pas toutes postérieures au Concile de Trente. Certaines le "précèdent" de quelques années.
    Cela n'est pas très surprenant dans la mesure où il y a toujours des "signes avant-coureurs" qui précèdent chaque Concile; et le renouveau des ordres monastiques en fait partie.
    C'est un peu comme la nuée qui entoure une comète (si tant est que l'on puisse comparer un Concile à une comète) : l'essentiel de la nuée suit la comète, mais une fine pellicule l'enveloppe aussi à l'avant.
        
    Pour conclure, retenons simplement que l'action du Vatican (qui va "du haut vers le bas") et celle des ordres monastiques (qui va "du bas vers le haut") permettent à l'Eglise toute entière de se sortir une nouvelle fois d'une crise extrêmement profonde.
    Attention, toutefois, car la route est longue... et le plus dur est devant nous !
        
    (à suivre)


  • 1-En 1517, Luther affiche ses 95 thèses sur le portail de l'Eglise de Wittenberg.
    En 1521, son excommunication déclenche une véritable explosion, en Allemagne : de très nombreux princes le soutiennent et entraînent avec eux des villes entières.
    En 1555, les 2/3 de l'Empire germanique sont devenus protestants et la réforme s'étend très vite à d'autres pays : la Suisse, l'Autriche, la Pologne, les pays Baltes... Bref, il y a le feu !
    D'autant plus que l'Angleterre fait schisme elle aussi, en 1534 (c'est alors la naissance de l'anglicanisme).
        
    2-Ces événements tirent l'Eglise de sa torpeur et l'oblige à réagir.
    C'est ainsi qu'en 1545, le pape Paul III convoque le Concile de Trente (qui s'achèvera en 1563).
    Le but est double :
    a)-réaffirmer très fermement la tradition catholique face à la montée du protestantisme.
    b)-appeler l'Eglise toute entière à un renouveau.
    On sent bien, en effet, que les choses vont mal et que certains reproches formulés par Luther sont justifiés.
    Il faut donc rendre à l'Eglise son autorité et sa crédibilité en la "nettoyant" de haut en bas.
    Pour cela, le Concile fixe des orientations qui sont diffusées dans les conciles provinciaux et les synodes diocésains, où les membres du clergé réfléchissent ensemble aux moyens à mettre en oeuvre pour que les directives de Rome soient appliquées.
        
    3-Le fruit principal du Concile est que l'Eglise, qui était complètement noyée dans le tourbillon de la Renaissance, refait surface. Il y a un "retour à la vie", une "résurrection".
    De manière concrète, cela se traduit par une "réapparition" des papes, des évêques, des prêtres, des fidèles et des saints.
    Mais voyons plutôt :
    a)-les papes : beaucoup d'entre eux sont de très bons pasteurs, à l'image de Saint Pie V (1566-1572) qui défend la "contre-réforme catholique" avec beaucoup d'ardeur.
    De plus, la ville de Rome (qui, jusque là, était comparable à Babylone et n'avait donné qu'une seule Sainte au Moyen-Age : Ste Françoise Romaine) vit elle aussi une conversion des moeurs et devient tout à coup un creuset de sainteté.
    On voit même en elle le "centre spirituel" du monde.
    S'opère alors un recentrage très net de l'Eglise autour de l'autorité papale et de la capitale italienne (ce qui marque une rupture avec le passé).
    b)-les évêques : ils sont désormais nommés sur leurs mérites (et non plus parce qu'ils sont des seigneurs).
    Par ailleurs, ils ne peuvent plus cumuler les diocèses et sont tenus de résider à l'évêché.
    Celui qui incarne le mieux l'esprit du Concile est sans aucun doute Charles Borromée (1538-1584). Nommé cardinal à 22 ans, il est habile et compétent et parvient à créer un diocèse modèle à Milan (il rédige un catéchisme et lance un bréviaire).
    Aujourd'hui encore, ce diocèse fait référence dans le monde entier (notamment grâce à ses fameuses "cellules d'évangélisation").
    c)-les prêtres : peu à peu, ils deviennent eux aussi plus pieux et zélés. Ils ne font plus de commerce, de combats en duel, de chasse... Ils remettent peu à peu la liturgie en place, celle-ci est plus soignée, plus respectueuse, plus attrayante, les gens s'y reconnaissent...
    En outre, les premiers séminaires sont créés à Milan (la formule n'est pas encore tout à fait au point, mais ils existent).
    Cela, nous l'imaginons bien, permet de résoudre de très nombreux problèmes (en particulier l'influence négative du nominalisme !).
    d)-les fidèles : loin d'être tenus à l'écart, ils sont eux aussi emportés par le souffle du Concile.
    Le catéchisme et les missions paroissiales font leur apparition (ces dernières étant des sortes de "retraites locales").
    Il y a également un essaimage de confréries (c'est à dire des "groupes de prière"), un développement des écoles et une éducation de bien meilleure qualité.
    A noter que le retour des populations au christianisme est facilité par la conversion de nombreux princes.
    e)-les saints : enfin, on assiste à une véritable effusion de saints. Saint Pie V et Charles Borromée, bien sûr, mais aussi : Philippe Néri (1515-1596), Camille de Lellis (1550-1614), Louis de Gonzague (1568-1591), ... et une multitude d'autres !!
        
    Même si tout n'est pas parfait, l'Eglise se renouvelle très profondément, à cette époque (sûrement beaucoup plus qu'au moment de la réforme grégorienne car, alors, on n'avait pas autant insisté sur la conversion des moeurs).
    Le XVIe siècle est l'une des plus belles périodes du christianisme, et la joie exubérante qui jaillit dans les coeurs, tel un feu d'artifice, donne naissance à l'art baroque !
        
    (à suivre)